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ACTE IV, SCÈNE I. 58:}

amants*. 11 faudrait au moins que de telles horreurs fussent un peu cachées sous la beauté de la diction.

Vers 28. Recevez donc ce cœur en nous deux réparti.

Il semble, par ce discours d'Antiochus, qu'en effet Hodogiine a été la femme de son père : s'il est ainsi, quel effet doit faire un amour d'ailleurs assez froid, ([ui devient un inceste avéré, aufjuel ni Antioclius ni lîodoyune ne prennent seulement pas garde? Mais qu'est-ce qu'un cœui' réparti en ticuv ?

Vers 31. Ce cœur, en vous aimant, indignement percé,

Reprend, pour vous aimer, le sang qu'il a versé.

C'est donc le cœur de iNicanor réparti entre ses deux fils (|ui. ayant été percé, reprend le sang qu'il a versé, c'est-à-dire son propre sang, pour aimer encore sa femme dans la personne de ses deux enfants. Que dire de telles idées et de telles expressions? Comment ne pas remarquer de pareils défauts! et comment les excuser? Que gagnerait-on à vouloir les pallier? Ce serait trahir Fart qu'on doit enseigner aux jeunes gens.

Vers 38. Faites ce qu'il feroit, s'il vivoit en lui-mrme.

Rodogune continue la figure employée par Antiochus ; mais on ne peut dire vivre en soi-même : ce style fait beaucoup de peine ; mais ce qui en fait bien davantage, c'est que Rodogune passe ainsi tout d'un coup de la modeste iierté d'une fille qui ne veut pas qu'on lui parle d'amour , à l'exécrable empressement d'exiger d'un fils la tête de sa mère.

Vers 39. A ce cœur ([u'il vous laisse osez prêter un bras. Pouvez-vous le porter, et ne l'écouter pas?

Prêter un bras à un cœur, le porter, et ne pas Vècouter, sont des expressions si forcées, si fausses, qu'on voit bien que la situation n'est point naturelle: car d'ordinaire, comme dit Roileau-,

Ce quo l'on conçoit bien s'énonce clairement.

Vers 43. Une seconde fois il vous le dit par moi; Prince, il faut le venger.

Rodogune demande donc deux fois un parricide, ce que Cléopâtre elle-même n'a pas fait. Est-il possible qu'Antiochus

1. Il Elle était, dit Palissot, promise à ce prince, et c'est dans ce sens qu'elle peut le nommer son époux ; mais il n'exista point do mariage. »

Epoux signifiait premièrement flan"".

2. Art poétique. I, 1.^3.

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