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ACTE II, SCÈNE I. 553

VcM's 85. Ouoi que vous me cachiez, aisément je devine est d'une soubrette.

Vers 88. Ma rougeur traliiroit les secrets de mou cœur.

Remarquez que tous les discours de Rodogune sont dans le caractère d'une jeune personne qui craint de s'avouer à elle- même les sentiments tendres et honnêtes dont son cœur est touché. Cependant Rodogune n'est point jeune : elle épousa Mcanor lorsque les deux frères étaient en bas âge; ils ont au moins vingt ans. Cette rougeur, cette timidité, cette innocence, semblent donc un peu outrées pour son Age ; elles s'accordent peu avec tant de maximes de politique; elles conviennent encore moins à une femme qui bientôt demandei'a la tête de sa belle- mère aux enfants même de cette belle-mère.

��ACTE DEUXIEME.

SCÈNE I.

Vers \ . Serments fallacieux, salutaire contrainte,

Que m'imposa la force, et qu'accepta ma crainte! Heureux déguisements d'un immortel courroux. Vains fantômes d'État, évanouissez-vous.

Corneille reparaît ici dans toute sa pompe. L'éloquent Bossuet est le seul qui se soit servi après lui de cette belle épithète, falla- cieux I Pourquoi appauvrir la langue? Un mot consacré par Cor- neille et Bossuet peut-il être abandonné?

Salutaire contrainte! Il est difficile d'expliquer comment une salutaire contrainte est un vain fantôme d'État. II manque là un peu de netteté et de naturel.

Vers 7. Semblables à ces vœux dans l'orage formés,

Qu'efface un prompt oubli quand les flots sont calmés.

Une comparaison directe n'est point convenable à la tragédie. Les personnages ne doivent point être poètes ; la métaphore est toujours plus vraie, plus passionnée. Il serait mieux de dire -.Mes cœux, formes dans l'orage, sont oublies quand les flots sont calmes; mais il faudrait le dire dans d'aussi beaux vers*.

��1. «Il nous semble, dit Palissot, qu'une comparaison aussi courte peut n'être pas déplacée dans une tragédie. »

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