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ACTE IV, SCÈNE V. 53<

Versdern. A son zèle, de gnice, épargnez celle honte.

Voilà donc la souvoriiaiite (rAnlioclio ([iii livre la princesse à Ja canaille, et la canaille se dispute à (|ui l'aura. Voilà un honiuK! qui leur jette de l'ai'gent pour avoir la préférence. Il est vrai que c'est à bonne intention; mais on ne peut le deviner, et cette bonne intention est un ridicule de j)Ius. (3n a osé nommer tra- gédie cet étrange ouvrage, parce qu'il y a du sang répandu à la fin. Comment osons-nous, après cela, condamner les pièces de Lope de Vega et de Shakespeare? Ne vaut-il pas mieux man(iuer à toutes les unités (pie de manquer à toutes les bienséances, et d'être à la fois froid et dégoûtant?

SCÈNE V.

Vers 'I. Eh bien! votre parente, elle est hors de ces lieux Où Ton sacrifioit sa pudeur à nos dieux? — Oui, seigneur.

On ne voit ici que l'apparence de la prostitution : l'apparence est trompeuse ; mais cela ressemble à des énigmes dont les vers annoncent une ordure, et dont le mot est honnête; jeu de l'es- prit, honteux, et lait pour la populace.

Vers 24. Sous l'habit de Didyme elle-mènne est sortie.

Je dois remarquer ici, en général, que toutes ces petites tromperies, des changements d'habits, des billets qu'on entend en un sens et qui en signifient un autre, des oracles même à double entente, des méprises de subalternes qui ont mal vu, ou qui n'ont vu que la moitié d'un événement, sont des inventions de la tragédie moderne : inventions petites, mesquines, imitées de nos romans; puérilités inconnues à l'antiquité, et dont il faut couvrir la faiblesse par quelque chose de grand et de tragique, comme vous avez vu, dans les Horaces, la méprise d'une suivantes produire les plus grands mouvements. Le vieil Horace n'est ad- mirable que parce qu'une domestique de la maison a été trop impatiente : c'est là créer beaucoup de rien; mais ici c'est entasser petitesses sur petitesses*.

��1. « Voltaire critique ici, avec un courage qui lui fait honneur, dit Palissot, des moyens qu'il a souvent employés dans ses pièces. La croix de diamants de Zaïre, le billet équivoque qu'elle reçoit de Nérestan , celui que INanine écrit à Philippe Hombert, la lettre sans adresse d'Aménaïde à Tancrcde,j;etc., etc. » |

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