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530 REMARQUES SUR THÉODORE.

Vers dern. Allez sans plus rien craindre, ayant pour vous Marcelle.

Cette scène est une des plus étranges qui soient au théâtre français. « Rendez une visite de civilité à ma fille, sinon je vais prostituer votre maîtresse aux portefaix d'Antioche. » Cest la substance de cette scène et l'intrigue de la pièce ; disons hardi- ment qu'il n'y a jamais rien eu de si mauvais en aucun genre ; il ne faut pas ménager les fautes portées à cet excès.

��ACTE QUATRIÈ3IE.

SCÈNE II.

Vers 16. Tout fait peur à l'amour, c'est un ciifaDt timide.

Il ne manquait aux étonnantes turpitudes de cette pièce que la mauvaise plaisanterie du madrigal l'amour est un enfant timide.

Vers 21. Va, dis-lui ({ue j'attends ici ce grand succès, Où sa bonté pour moi paroit avec excès.

Qui aurait pu s'attendre, en voyant Cinna et les belles scènes des Horaccs, que peu d'années après, quand le génie de Corneille était dans toute sa force, il mettrait sur le théâtre une princesse qu'on envoie dans un mauvais lieu, et un amant qui dit que

l'amour est un enfant timide?

SCÈiNE IV.

Vers 71. 11 leur jette de l'or ensuite à pleines mains.

Comment a-t-on pu hasarder un tel récit sur le théâtre tragi- que? Ce Didyme, à la vérité, n'entre dans ce mauvais lieu qu'avec une louable intention; mais le récit fait le même effet que si Didyme n'était (ju'un débauché. Ce n'est pas la peine de pousser plus loin nos remarques : plaignons tout esprit abandonné à lui- même, et n'en estimons pas moins l'âme du grand Pompée et celle de Cinna ^

��1. Voltaire, dans ces derniers mots, rappelle doux vers de Corneille (discours en tète dOEdipe, voyez tome XXXII), qu'il avait déjà rappelés dans son Temple du Goût (voyez tome VIII), et ci-dessus, page 310.

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