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t90 . REMARQUES SUR LE MENTEUR.

��SCENE II.

Vers 15. Cette chaîne [du mariage) qui dure autant que notre vie, Et qui nous doit donner plus de peur que d'envie, Si l'on n'y prend bien garde, attache assez souvent Le contraire au contraire et le mort au vivant.

Cette allégorie ne paraît-elle pas un i)eu forte dans une scène de comédie, et surtout dans la bouche d'une fille ? Mais toute cette tirade est de la plus grande beauté. Il n'y a point de fille qui parle mieux, et peut être si bien, dans Molière.

Vers 34 Fille qui vieillit tombe dans le mépris.

C'est un nom glorieux qui se garde avec honte. Sa défaite est fâcheuse à moins que d'être prompte.

L'usage permet qu'on dise: Cette fille est de défaite, c'est-à-dire elle est belle ; on peut aisément s'en défaire, la marier. Mais sa défaite exprime figurément qu'elle s'est rendue ;dé/airc, se c/c/aire, un visage défait, un ennemi défait, défaite d'une marchandise, défaite d'une armée : toutes acceptions différentes.

Vers 37. Le temps n'est pas un dieu qu'elle puisse braver, Et son honneur se perd à le trop conserver.

Il semble qu'une fille perde son honneur en se mariant *. Ce vers gâte un très-beau morceau.

Vers 3y. Ainsi vous quitteriez Alcippe pour un autre,

Dont vous verriez l'humeur rapportant à la vôtre - ?

Rapportant n'était pas français du temps même de Corneille, Il faut : dont vous verriez lliumeur conforme li la vôtre, répondante il la vôtre, assortie ii la vôtre.

Vers 42. Il me faudroit en main avoir un autre amant.

J'avois certaine vieille en main.

D'un génie, à vrai dire, au-dessus de l'humain.

(Molière, Ecole des femmes.)

��1. Palissot se demande où Voltaire a pu prendre le sens étrange qu'il substitue ici au véritable sens de Corneille. (G. A.)

2. Il y a dans l'édition de lG(3i :

De qui l'humeur auroit de quoi plaire à la Tùtre.

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