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458 REMARQUES SUR POMPÉE.

et de César est inutile à l"intrigiic de la pièce. Cette tragédie, qui est en efTet d'un genre particulier, qu'il serait très-dangereux d'imiter, se soutient par les beaux morceaux de détail. Il y a des choses admirables dans ce discours de Cornélie. Il serait à sou- haiter qu'il y eût moins de cette enflure qui est contraire à la vraie dignité et à la vraie douleur.

Vers 42. Je te l'ai déjà dit, César, je suis Romaine.

Pourquoi le répéter? Parle-t-elle à un autre qu'à un l'omain ' ?

Vers 51. Et l'on juge aisément, au cœur que vous portez, Oii vous êtes entrée et de qui vous sortez.

C'est une répétition de ces deux vers qui précèdent :

Certes, vos sentiments font assez reconnoître Qui vous donna la main et qui vous donna l'être.

En général toute répétition affaiblit l'idée.

Vers G9. Alors, foulant aux pieds la discorde et l'envie, Je l'eusse conjuré de se donner la vie, etc.

Ut te complexus, positis civiiibus armis, Afifectus a te veteres, vitamque rogarem, Magne, tuam; dignaque satis mercede laborum Contentus par esse tibi. Tune pace fideli Fecissem ut victus posses ignoscere divis, Fecisses ut Roma mihi'^.

Vers 78. Le sort a dérobé cette allégresse au monde. LiTeta dies rapta est populis ^

Vers 81 . Prenez donc en ces lieux liberté tout entière.

Prenez liberté est trop familier, trop trivial, trop du style de la comédie : de plus, on ne prend point liberté.

Vers 87. Je vous laisse à vous-même, et vous quitte un moment.

Il est triste que César finisse une si belle scène par dire : Je vous quitte un moment, surtout après l'avoir commencée en disant

1. « Elle veut dire qu'elle a les sentiments d'une Romaine, observe Palissot. C'est ainsi que Brutus, dans la tragédie de Voltaire, dit à Proculus : Je suis un consul de Rome, non pour lui apprendre qu'il est en efTet consul, ce que Proculus sait très-bien, mais pour lui dire que son devoir est de penser et d'agir en consul romain. »

2. Lucain, Phars., IX, 1099-1 UH.

3. Ibid., 1U97.

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