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Interque suoriim

La[is;i iiuuuis nipilur trépida fugionte carina’.

Vers ’MO. Dans quelque urne chétive en ramasser la cendre.

Le mot de chétive ne passerait pas aujourd’hui. Il me paraît qu’il fait ici un très-bel effet, par l’opposition d’une fin si déplorable à la grandeur passée de Pompée.

Vers 1:24. Cléopâtre a de quoi vous mettre tous en poudre.

Cléopâtre a de quoi; on évite aujourd’hui de tels hémistiches. La situation n’en est pas moins intéressante : rien n’est plus grand que ce moment où Pompée périt, où Cornélie fuit, et où César arrive.

On évite aujourd’hui ces lieux communs, mf//rc eitpoiulrc, qui n’étaient emplojés que pour rimer à foudre.

Vers 127. Admirons cependant le destin des grands hommes;

Plaignons-les, et par eux jugeons ce que nous sommes, etc.

Cela serait froid en toute autre occasion. On est peu touché quand on se prépare ainsi, quand on s’arrange pour faire des réflexions. Il vaudi\’iit mieux montrer plus de sentiment.

Vers 131. Lui que sa Rome a vu, plus craint que le tonnerre, Triompher en trois fois des trois parts de la terre.

On voit bien là le misérable esclavage de la rime. Ce tonnerre n’est mis que pour rimer à terre; on s’est imaginé, grâce à ces malheureuses rimes, si souvent rebattues, qu’il n’y avait que tonnerre et guerre qui pussent rimer à terre, à cause des deux n- qui se trouvent dans ces mots. On n’a pas fait réflexion que ce double r ne se prononce pas. Abhorre, qui a deux r, rime très- bien avec adore et honore, qui n’en ont qu’un. L’usage fait tout, mais c’est un usage bien condamnable de se donner des entraves si ridicules. La rime est faite pour l’oreille. On prononce terre comme père, mère; et puisque abhorre rime avec adore; terre doit rimer avec mère.

Vers 141. Ainsi finit Pompée, et peut-être qu’un jour César éprouvera même sort à son tour.

Cette idée est fort belle, et d’autant plus convenable que le jour même on conspire contre César.

1. Lucain, Pliais., VIII, G(il-’2.