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ACTE I, SCÈNE I. 42t

Ajoutons à CCS remarques qu'on peut trop flatter un car- dinal, et faire des tragédies pleines de sublime.

��ACTE PREMIER.

SCÈNE I.

Que devant Troie en flamme Hécube désolée Ne vienne point pousser une plainte ampoulée, Ni sans raison décrire en quels affreux pays Par sept bouches l'Euxin reçoit le Tanaïs.

(BoiLRAU, Art poétique, III, 135-38.)

A plus forte raison, un roi d'Egypte qui n'a point vu Pliarsale, et à qui cette guerre est étrangère, ne doit point dire que les dieux étaient étonnés en se partageant, qu'ils n'osaient juger, et que la bataille a jugé pour eux. Dès qu'on reconnaît des dieux, on doit convenir qu'ils ont jugé par la bataille même. Ces champs empestes, ces montmjnes de morts qui se vengent, ces débordements de parricides, ces troncs pourris, étaient notés par Boileau comme un exemple d'enflure et de déclamation ^ Il fallait dire simplement :

Le destin se déclare, et le droit de l'épée. Justifiant César, a condamné Pompée.

C'était parler en roi. Les vers ampoulés ne conviennent pas dans un conseil d'État. Il n'y a donc qu'à retrancher des vers sonores et inutiles, pour que la pièce commence noblement : car l'ampoulé n'est pas plus noble que convenable.

Vers 14. Justifiant César, et condamnant Pompée, etc.

Il y avait dans la première édition :

Justifie César et condamne Pompée.

On ne trouve guère, dans toutes les pièces de Corneille, que cette seule faute contre les règles de notre versification.

��1. Voltaire a cité le texte des vers de Corneille, tome XVH, paçe i9-2; il en reparle tome XIX, page 432. Il en est question, ainsi que de beaucoup d'autres passages de la même pièce, dans l'opuscule intitulé Connaissance des beautés et des défauts de la poésie et de Véloquencc, article Langage; voyez les Mélanges, année 1749.

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