384 REMARQUES SUR POLYEUCTE.
ne portent-elles pas dans l'esprit l'idée que sa fille doit faire des caresses à Sévère i)Our l'apaiser? Devait-il craindre qu'un cour- tisan poli d'un cmporcur juste vînt persécuter le père et la fille, parce qu'il n'a pas épousé Pauline? Ne serait-ce pas en partie la raison pour laquelle l'hôtel de Rambouillet et le cardinal de Richelieu refusèrent leur suffrage à Polycnctc?
Vers 82. 11 est toujours aimable, et je suis toujours femme.
Ce combat de Pauline, qui dit deux fois qu'elle est femme, et de Félix, qui, malgré ce danger, veut absolument que Pauline voie son ancien amant, n'aurait-il pas quel(|ue chose de comique plus que de tragique? Je suis toujours femme est une expression bourgeoise.
Vers 84. Je n'ose m'assurer de toute ma verlu.
Cela contredit ce bel hémistiche : elle vaincra sans doute. Il n'est point du tout convenable qu'une femme dise :je ne réponds pas de ma vertu; mais qu'elle le dise après quinze jours de ma- riage, cela paraît bien peu décent*.
Vers 8o. Je ne la verrai point. — Il faut le vo(.r, ma fille, Ou tu trahis Ion père et toute ta famille.
Malheureuse preuve de l'esclavage de la rime. Toute ta famille pour rimer à fille; toute la province pour rimer à prince : on ne tombe plus guère aujourd'hui dans ces fautes ; mais la rime gêne toujours, et met souvent de la langueur dans le style.
Vers 96. Jusfju'au-devant des murs je vais le recevoir.
On va au-devant de quelqu'un, mais non au-devant des murs. On va le recevoir hors des murs, au delà des murs.
Vers 97. Rappelle cependant tes forces étonnées.
On n'a jamais dit les forces d'une femme en pareil cas.
ACTE DEUXIÈ3IE.
SCÈNE I-.
Vers 1 . Cependant que Félix donne ordre au sacrifice,
Pourrai-je prendre un temps âmes vœux si propice?
1. « Qu'on lise la scène avec attention, dit Palissot, et on sentira combien cette critique est peu fondée. »
2. Sur deux vers de cette scène, voyez tome XIX, page 92.
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