Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/376

Cette page n’a pas encore été corrigée

366 REMARQUES SUR CLNNA.

N'eût-il pas été mieux qu'il se fût noyé en efict de douleur d'avoir joué un si lAclic personnage ? On ne s'intéresse qu'au sort de Cinna et d'Emilie, et la grâce de Maxime ne touche personne.

��SCÈNE DERNIÈRE.

Vers 1 1. Eiipliorlx' vous a feint que je m'étois noyé.

Feindre ne peut gouverner le datif; on ne peut dire feindre à quelqu'un.

Vers 13. Je ])onsois la résoudre à cet enKnement,

Sous l'espoir du retour pour venger son amant.

Sous l'espoir du retour expression de comédie; retour pour

venger, expression vicieuse.

Vers 18. Sa vertu combattue a redouljlé ses forces.

On dit les forces d'un État, la force de l'âme. De plus, Emilie n'avait besoin ni de force ni de vertu pour mépriser Maxime.

Vers 25. Si pourtant quelque grâce est duc à mon indice...

Indice est là pour rimer h artifice : le mot i)ropre est aveu.

Vers 23. l'aites périr Euphorbe au milieu des tourments. C'est un sentiment lâche, cruel, et inutile.

Vers 37. Soyons amis, Cinna, c'est moi qui t'en convie.

C'est ce que dit Auguste, qui est admirable; c'est là ce qui fit verser des larmes au grand Condé, larmes qui n'appartiennent qu'à de belles âmes.

De toutes les tragédies de Corneille, celle-ci fit le i)lus grand effet à la cour, et on peut lui appliquer ces vers du vieil Horace^ :

G est aux rois, c'est aux grands, c'est aux esprits bien faits...

C'est d'eux seuls qu'on reroil la véritaide gloire.

De plus, on était alors dans un temps où les esprits, animés par les factions qui a\ aient agité le règne de Louis XllI, ou plu- tôt du cardinal de Richelieu, étaient plus propres à recevoir les

1. .\cte V, scène m.

�� �