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ACTE III, SCKNK I. 33(.

qu'il cil eut quanti Auguste lui a dit qu'il partagerait rcnipire avec lui. Le cœur humain est ainsi fait : il se laisse toucher par le sentiment présent des bienfaits, et le spectateur n'attend pas, d'un homme qui s'endurcit lorsqu'il devrait être attendri, qu'il s'attendrira après cet endurcissement. Nous donnerons plus de jour à ce doute dans la suite.

Vers 08. Ami, dans co palais on pont nous écouler.

Et que peut-il dire de plus fort que ce qu'il a déjà dit? N'a- t-il pas, dans ce même palais, déclaré qu'il veut épouser Emilie sur la cendre d'Auguste ? Cette conclusion de l'acte paraît un peu fautive. On sent assez qu'il n'est pas vraisemblable que l'on con- spire et qu'on rende compte de la conspiration dans le cabinet d'Auguste.

Les acteurs sont supposés avoir passé d'un appartement dans un autre ; mais si le lieu où ils sont est si mal propre à cette confi- dence, il ne fallait donc pas y dire tous ses secrets. Il valait mieux motiver la sortie par la nécessité d'aller tout préparer pour la mort d'Auguste : c'eût été une raison valable et intéressante, et le péril d'Auguste en eût redoublé.

L'observation la plus importante, à mon avis, c'est qu'ici l'in- térêt change. On détestait Auguste; on s'intéressait beaucoup à Cinna : maintenant c'est Cinna qu'on hait, c'est en faveur d'Au- guste que le cœur se déclare. Lorsqu'ainsi on s'intéresse tour à tour pour les partis contraires, on ne s'intéresse en effet pour personne : c'est ce qui fait que plusieurs gens de lettres^ regar- dent Cinna plutôt comme un bel ouvrage que comme une tra- gédie intéressante.

��ACTE TROISIEME.

SCÈNE I.

Vers 2. Il adore Emilie, il est adoré d'elle ;

Mais sans venger son i)ère il n'y peut aspirer.

Cependant Maxime a été témoin qu'Auguste a donné Émihe à Cinna; il peut donc croire que Cinna peut aspirer à elle sans tuer Auguste. Cinna et Maxime peuvent présumer qu'Emilie ne

1. Entre autres d'Aloinbert. Voyez sa lettre eu date du 10 octobre 1761,

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