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ACTE IV, SCKNE II. 303

Vers lo. Vous redoublez ma honte et ma rcjnliL-ion.

Je ne sais s'il n'y a pas dans cette scène un artifice trop visible, une méprise trop longtemps soutenue. Il semble que l'auteur ail eu plus d'égards au jeu de tliéùtrc (ju'à la vraisemblance. G'esl le même défaut que dans la scène de (Ihimène avec don Sanche dans le Ckl. Ce petit et faible artifice, dont Corneille se sert trop souvent, n'est pas la véritable tragédie.

Vers 22. Quels honneurs, que! triomphe, et quel empire enfln, Lorsque Albe sous ses lois range notre destin?

On ne range point ainsi un destin.

Vers 30. Quoi! Rome enfin triomphe!

Que ce mot est pathétique ! Comme il sort des entrailles d'an vieux Romain !

Vers 36. L'air résonne des cris qu'au ciel chacun envoie : Albe en jette d'angoisse, et les Romains de joie.

On ne dit plus guère angoisse : et pourquoi ? Quel mot lui fi- t-on substitué? Douleur, horreur, peine, afflietion, ne sont pas des équivalents : angoisse exprime la douleur pressante et la crainte à la fois.

Vers 59. C'est peu pour lui de vaincre, il veut encor braver.

Braver est un verbe actif qui demande toujours un régime : de plus, ce n'est pas ici une bravade ; c'est un sentiment généreux d'un citoyen qui venge ses frères et sa patrie.

Vers 84. C'est où le roi le mène...

Mener a des chants et a des vœux n'est ni noble ni juste; mais le récit de Valère a été si beau qu'on pardonne aisément ces petites fautes.

Vers 85 Et tandis il m'envoie

Faire office envers vous de douleur et de joie.

Tandis sans un que est absolument proscrit, et n'est plus per- mis que dans une espèce de style burlesque et naïf qu'on nomme marotique : Tandis la perdrix vire.

Faire office de doideur n'est plus français, et je ne sais s'il Ta jamais été : on dit familièrement faire office d'ami, office de servi- teur, office d'homme intéressé; mais non office de douleur et de joie.

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