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ACTE 111, SCÈNE IV. 297

jeux d'esprit un pou froids ; c'est un f^rand malheur que le i)eu de matière que fournit la pièce ait obligé l'auteur à y mêler ces scènes qui, par leur inutilité, sont toujours languissantes.

Vers 34. Adieu, je vais savoir comme enfin tout se passe.

Ce vers de comédie démontre l'inutilité de la scène. La néces- sité de savoir comme tout se passe condamne tout ce froid dia- logue.

Vers 3o. Modérez vos frayeurs ; j'espère ii mon retour Ne vous entretenir que de propos d'amour.

Ce discours de Julie est trop d'une soubrette de comédie.

��SCÈNE IV.

Vers 1. Parmi nos déplaisirs souffrez que je vous blâme.

Cette scène est encore froide. On sent trop que Sabine et Julie ne sont là que pour amuser le peuple, en attendant qu'il arrive un événement intéressant; elles répètent ce qu'elles ont déjà dit. Corneille manque à la grande règle semper ad eventum fcstinat^; mais queJ homme l'a toujours observée? J'avouerai que Shakes- peare est de tous les auteurs tragiques celui où l'on trouve le moins de ces scènes de pure conversation ; il y a presqueHou- jours quelque chose de nouveau dans chacune de ses scènes : c'est, à la vérité, aux dépens des règles, et de la bienséance, et de la vraisemblance ; c'est en entassant vingt années d'événements les uns sur les autres ; c'est en mêlant le grotesque au terrible : c'est en passant d'un cabaret à un champ de bataille, et d'un cimetière à un trône; mais enfin il attache. L'art serait d'attacher et de surprendre toujours, sans aucun de ces moyens irréguliers et burlesques tant employés sur les théâtres espagnol et anglais.

Vers «IS. L'hymon qui nous attaclie en une autre famille Nous détache de celle où l'on a vécu fille.

Il faut : attache à une autre famille; d'ailleurs ces vers sont trop familiers.

Vers â6. C'est un raisonnement bien mauvais que le vôtre.

Ce mot seul de raisonnement est la condamnation de cette scène et de toutes celles qui lui ressemblent. Tout doit être action

1. Horace, De Avte poetica, 148.

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