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296 REMARQUES SUR LES HORACES.

Comme il y a ici une faute évidente de langage, mourront que quitter, et que l'auteur avait oublié le mot plutôt, qu'il ne pouvait pourtant répéter parce qu'il est au vers précédent, il cliangea ainsi cet endroit; par malheur la même faute s'y retrouve. Tout le reste de ce couplet est très-bien écrit.

Vers 50. Puisquo cliacun, dit-il, s'échaufTe en ce discord, (Consultons des grands dieux la majesté sacrée.

En ce discord ne se dit plus, mais il est à regretter.

Vers 62. Cloininc si toutes deux le connoissoient pour roi.

C'est une petite faute. Le sens est : comme si toutes deux voyaient en lui leur roi. Connaître un homme pour roi, ne signifie pas le reconnaître pour son souverain.

On peut connaître un homme pour roi d'un autre pays. Con- naitre ne veut pas dire reconnaître.

SCÈNE III.

Vers \. l\Ia sœur, que je vous die une bonne nouvelle.

Au lieu de die on a imprimé dise dans les éditions suivantes. Die n'est plus qu'une licence ; on ne l'emploie que pour la rime. Une bonne nouvelle est du style de la comédie; ce n'est là qu'une très-légère inattention. Il était très-aisé à Corneille de mettre : Ah! ma sœur, apprenez une heureuse nouvelle, et d'exprimer ce petit détail autrement; mais alors ces expressions familières étaient tolérées; elles ne sont devenues des fautes que quand la langue s'est perfectionnée, et c'est à Corneille même qu'elle doit en par- tie cette perfection. On fit bientôt une étude sérieuse d'une langue dans laquelle il avait écrit de si belles choses.

Vers 13. Ils (les dieux) descendent bien moins dans de si bas étages Que dans l'àme des rois, leurs vivantes images.

Bas étages est bien bas, et la pensée n'est que poétique. Cette contestation de Sabine et de Camille paraît froide dans un mo- ment où l'on est si impatient de savoir ce qui se passe. Ce dis- cours de Camille semble avoir un autre défaut : ce n'est point à une amante à dire que les dieux inspirent toujours les rois, qu ils sont des rayons de la Divinité; c'est là de la déclamation d'un rhé- teur dans un panégyri([ue.

Ces contestations de Camille et de Sabine sont, à la vérité, des

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