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ACTE III, SCÈNE II. 29o

rello, appartient à la passion ; les comparaisons n'appartiennent (|u'à l'esprit.

Vers o1. Quels foudres lancez- vous quand vous vous irritez, Si même vos faveurs ont tant de cruautés? Et de quelle façon punissez- vous l'offense, Si vous traitez ainsi les vœux de l'innocence?

Ces quatre derniers vers semblent dignes de la tragédie ; mais ce monologue ne semble qu'une amplification.

SCÈNE II.

Vers \. En esl-ce fait, Julie? et que m'apportez-vous?

Autant la première scène a refroidi les esprits, autant cette seconde les échauffe : pourquoi? C'est qu'on y apprend quelquo chose de nouveau et d'intéressant; il n'y a point de vaine décla- mation, et c'est là le grand art de la tragédie, fondé sur la con- naissance du cœur humain, qui veut toujours être remué.

Vers 4. De tous les combattants a-t-il fait des hosties^?

Hostie ne se dit plus, et c'est dommage ; il ne reste plus que le mot de victime. Plus on a de termes pour exprimer la même chose, plus la poésie est variée.

Vers 13. Et parles désespoirs d'une chaste amitié.

Nous aurions des deux camps tiré quelque pitié.

On n'emploie plus aujourd'hui désespoir au pluriel; il fait pourtant un très-bel effet. Mes déplaisirs, mes craintes, mes douleurs, mes ennuis, disent plus que mo7i déplaisir, ma crainte, etc. Pour- quoi ne pourrait-on pas dire mes désespoirs, comme on dit mes espérances? ^e peut-on pas désespérer de plusieurs choses, comme on peut en espérer plusieurs?

Vers 40. Ils combattront plutôt et l'une et l'autre armée,

Et mourront par les mains qui leur font d'autres lois, Que pas un d'eux renonce aux honneurs d'un tel choix.

Il y avait :

Et mourront par les mains qui les ont séparés. Que quitter les honneurs qui leur sont déférés.

1. L'édition de 16G4 porte :

De tous les combattants fait-il autant d'iioslies ?

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