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288 REMARQUES SUR LES IIORACES.

Ni rune ni l'autre manière n'est élégante, et illustre ardeur d'oser n'est pas français. D'une maison braver les autres n'est pas une expression heureuse ; mais le sens est fort beau. On voit que quelquefois Corneille a mal corrigé ses vers. Je crois qu'on peut imputer cette singularité, non-seulement au peu de bons cri- tiques que la France avait alors, au peu de connaissance de la pureté et de l'élégance de la langue, mais au génie même de Corneille, qui ne produisait ses beautés que quand il était animé par la force de son sujet.

Vers 9. Ce clioix pouvoit combler trois laiiullcs de gloire, Consacrer hautement leurs noms à la mémoire.

Remarquez que hautemenl fait languir le vers, parce que ce mot est inutile.

Vers M. Oui, l'honneur (|ue reçoit la vôtre par ce choix En pouvoit à bon titre immortaliser trois.

Cette répétition oui, l'honneur est très-vicieuse. Omne super- vacuwn pleno de pectore rnanat K.. C'est ici ce qu'on appelle une baltologie : il est permis de répéter dans la passion, mais non pas dans un compliment.

Vers 40. Ce noble désespoir péril malaisément.

Un désespoir qui pci-it malaisément n'a pas un sens clair; de plus, Horace n'a point de désespoir. Ce vers est le seul qu'on puisse reprendre dans cette belle tirade.

Vers 59. La gloire en est pour vous, et la perte pour eux... On perd tout quand on perd un ami si fidèle.

Perte suivie de deux fois perd est une faute bien légère.

��SCENE II.

Vers 3. Vos deux frères et vous. — Qui? — Vous et vos deux frères.

Ce n'est pas ici une battologie ; cette répétition vous et vos deux frères est sublime par la situation. Voilà la première scène au théâtre où un simple messager ait fait un elTet tragique, en croyant apporter des nouvelles ordinaires. J'ose croire que c'est la perfection de l'art.

1. Horace, Art pjetique, 337.

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