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REMARQUES SUR LES OBSERVATIONS DE SCUDÉRI. 24o

toujours conserver leur caractère, mais non pas dire toujours les mêmes choses. L'unité de caractère n'est belle que par la variét*' des idées.

Veis 26. Pour vous en rcvanclier conservez ma mémoire.

Le mot de 7'crfl;2c/)f>- est devenu Las : on dirait aujourd'hui poi<r

ni'en récompenser.

Vers 38. Vers ces mânes sacrés c'est me rendre perfide i. Et souiller mon honneur d'un reproche éternel, D'avoir trempé mes mains dans le sang paternel.

Il semble que ces derniers beaux vers que dit Chimène la justifient entièrement. Elle n'épouse point le Cid ; elle fait même des remontrances au roi. J'avoue que je ne conçois pas comment on a pu l'accuser d'indécence, au lieu de la plaindre et de l'ad- mirer. Elle dit à la vérité au roi : C'est à moi d'obéir; mais elle ne dit point : J'obéirai. Le spectateur sent bien pourtant qu'elle obéira, et c'est en cela, ce me semble, que consiste la beauté du dénoûment.

Vers C8. Laisse faire le temps, ta vaillance, et ton roi.

Ce dernier vers, à mon avis, sert à justifier Corneille. Com- ment pouvait-on dire que Chimène était une fille dénaturée, ([uand le roi lui-même n'espère rien pour Rodrigue que du temps, de sa protection, et de la valeur de ce héros ?

��REMARQUES

SUR LES OBSERVATIONS DE M. DE SCUDÉRl,

GOUVERNEUR DE NOTRE-DAME DE LA GARDE,

SUR LE CID.

Je conjure les honnêtes gens de no condamner pas, sans les ouïr,

les Sophonisbej les César, etc.

1. Dans rèdition de 1G64 on lit :

Si Rodrigue à l'État devient si nécessaire, De ce qu'il fit pour vous dois-je être le salaire, Et me livrer moi-même au reproche éternel D'avoir trempé mes mains dans le sang paternel ?

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