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ACTE III, SCKXE II. 231

d'avoir lait aller Rodrigue dans Ja maison même de Chimène, qu'il pouvait si aisément rencontrer au palais ; que cette faute, dis-jc, est de l'auteur espagnol : quelque répugnance qu'on ait à voir Rodrigue chez Chimène, on ouhlic presque où il est; on n'est occupé que de la situation. Le mal est qu'il ne parle (ju'à une confidente.

On n'a point de coUtc pour un supplice : c'est un harharisme*. Corneille, au lieu de Vheur sans pareil, mit depuis :

Et j'évite ce7il morts qui me vont accabler.

On ne peut guère corriger plus mal. L'idée d'éviter tant de morts ne doit pas se présenter à un homme qui la cherche. Ces cent morts sont une expression vague, un vers fait à la hâte ; il ne se donnait ni le temps ni la peine de chercher le mot propre et un tour élégant. On ne connaissait pas encore cette pureté de diction, et cette éloquence sage et vraie que Racine trouva par un travail assidu et par une méditation profonde sur le génie de notre langue.

Vers 25. Chiinèiie est au palais, de pleurs toute baignée.

Ximena esta

Cerca en palacio, y vendra

Acompanada.

Vers 31. Elle va revenir, elle vient, je la vois. Ella vendra, va vienne.

��SCENE IL

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Vers 8. Sous vos commandements mon bras sera trop fort. — .Malheureuse !

Quelque insipidité qu'on ait trouvée dans le personnage de don Sanche, il me semble qu'il fait là un effet très-heureux, en aug- mentant la douleur de Chimène ; et ce mot malheureuse, qu'elle prononce sans presque l'écouter, est sublime. Lorsqu'un person- nage qui n'est rien par lui-même sert à faire valoir le caractère principal, il n'est point de trop.

��1. «Ce n'est pas ce que Corneille a dit on voulu dire, fait observer Palissot. L'expression est vicieuse, mais non dans le sens que Voltaire y donne. »

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