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SUR LE BON SENS. 153

XVIII. — Les nations les plus civilisées et les penseurs les plus profonds en sont là-dessus au même point (|ue les nations les plus sauvages et les rustres les plus ignorants.

Non; Clarke, Locke, sont au-dessus d'un sauvage.

XIX. — A force de métaphysique on est parvenu à faire de Dieu un pur esprit.

Mens agitât molem ; il faut s'en tenir là : toute le reste est afflictio spiritus.

XX. — Aucun ne veut s'exposer à courir une chance si dangereuse. Allégorie plate et défectueuse.

XXI. — L'oiseau aurait-il donc de si grandes obligations à l'oiseleur pour l'avoir pris dans ses filets, et l'avoir mis dans sa volière, afin de s'en nourrir après s'en être amusé ?

Cette comparaison n'est pas juste. Dieu a fait l'oiseau, et ne l'a pas déniché.

XXII. — Le dogme de l'immortalité de l'âme suppose que l'àme est une substance simple.

Soynniimi optantis.

XXIII. — Mais les mouvements les plus simples de nos corps sont, pour tout homme qui les médite, des énigmes aussi difficiles à deviner que la pensée.

Vrai. Toute action est une qualité occulte.

XXIV. — Le théiste nous crie : Gardez-vous d'adorer le Dieu farouche et bizarre de la théologie, etc.

Le théiste ne dit point cela. Il dit : Quelque chose existe, donc quelque chose est de toute éternité. Ce monde est fait avec intel- ligence, donc par une intelligence. Il s'en tient là, et sur le reste il raisonne comme vous.

XXV. — On ne veut pas qu'un Dieu rempli de contradictions, de bizar- reries, de qualités incompatibles, etc.

Le dieu des théistes n'est point hizarre : Mens agitât molem est très-sage.

XXVI. — Les opinions religieuses des hommes de tout pays sont des monuments antiques et durables de l'ignorance, de la crédulité, des terreurs, et de la férocité de leurs ancêtres.

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