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XXXI. — Il me paraît presque impossible qu’après cela il puisse se trouver (pielciu’un si impie et si opiniâtre que d’oser soutenir que rien de tout ce que nous avons dit ne le touche ni ne trouble sa conscience. Si pourtant il s’en rencontrait quelques-uns de cet ordre, il n’y a pas apparence qu’ils soient tous du même caractère, et qu’ils aient tous renoncé à la raison. Je ne doute pas qu’il ne s’en trouve qui voudront bien se donner la peine de nous suivre dans la recherche des œuvres du Créateur et de toute la nature; et nous espérons que parmi ceux-là il y en aura du moins quelques-uns qui, frappés des merveilles que nous leur développerons, seront guéris de leurs erreurs en voyant briller partout la Divinité.

Ce bavard donnerait envie d’être athée, si on pouvait l'être.

XXXII. — Pouvons-nous, sans être pénétrés de reconnaissance et sans être saisis d’étonnement, observer la manière dont notre Créateur a pourvu avec une sagesse admirable à ces inconvénients, en revêtant^ le dedans de l’estomac et des intestins d’une matière épaisse et tenace comme du limon, qui empêche que ces matières acres ne blessent?

Ce limon ne vient point de l’estomac, mais des glandes salivaires et autres.

XXXIII. — Mais lorsque je considère que Dieu, par un effet de sa sa- gesse et de sa miséricorde infinie, a jugé à propos d’établir la foi par le moyen de l’ouïe !

Quelle extravagance!

Énorme sottise : les oreilles pour la foi !

XXXIV. — Dans l’histoire de l’Académie royale des sciences, de l'année 1707, au chapitre des observations sur la physique en général, il est parlé d’un grand musicien, et dans l’année 1708, d’un fameux maître à danser : le premier fut attaqué d’une fièvre continue accompagnée de délire, et l’autre, d’une fièvre très-violente accompagnée d’une espèce de léthargie qui fut suivie d’une vraie folie; et tous les deux revinrent dans leur bon sens par le moyen de la musique.

Autres chimères.

XXXV. — On trouve aussi beaucoup d’observations qu’on a faites sur des personnes piquées de la tarentule, qui est une espèce d’insecte en Italie de la forme et de la grosseur d’une araignée : ce petit animal produit dans l’esprit des désordres extraordinaires et des mouvements tout à fait surprenants dans le corps. Dans quelques cas le visage devient noir, les pieds

1. Voltaire rappelle ce passage dans le chapitiv vni de .lenni; voyez tome XXI page 555.