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Levi, Juda, Issachar, et Zabulon. Les fils de Rachelsont Dan et Nephtali[1]. Les fils de la servante Zelpha sont Gad et Azer. Voilà les fils qui sont nés à Jacob en Mésopotamie. Or voici les générations d’ésaü, qui sont nées d’ésaü, qui est le même qu’édom. ésaü épouse des filles cananéennes, Ada, Olibama, Bésémath, et il en eut plusieurs fils qui furent princes, et qui firent paître des ânes. Ici l’auteur sacré, après avoir nommé tous ces princes arabes, ajoute : ce sont là les rois qui regnerent dans le pays d’édom, avant que les enfans d’Israël eussent un roi, [2]. Or Jacob habita dans la terre de Canaan, où son pere avait voyagé, et voici les affaires de la famille de Jacob. Joseph, âgé de seize ans[3], menait paître le troupeau avec ses freres ; et il accusa ses freres auprès de son pere d’un très grand crime. Or Israël aimait son fils Joseph plus que tous ses enfans ; parce qu’il l’avait engendré étant vieux ; et même il lui avait donné une tunique bigarrée : c’est pourquoi ses freres le haïssaient. Il arriva aussi qu’il leur raconta un songe qui le fit haïr encore davantage. Il leur dit : écoutez mon songe. J’ai songé que nous étions occupés ensemble à lier des gerbes, que ma

    tu as monté sur le lit de ton pere, et que tu as maculé sa couche. Et il ajouta : les deux freres Siméon et Lévi ont été des vases belliqueux d’iniquités : que leur fureur soit maudite etc… (Note de Voltaire.)

  1. Il y a ici une erreur évidente de la part du copiste de Voltaire. Dan et Nephtali sont fils de Jacob et de Bala, servante de Rachel (voyez ci-dessus , page 47). Les enfants de Jacob et de Rahel sont Joseph et Benjamin. J’ai respecté le texte qui est dans toutes les éditions que j’ai vues jusqu’à ce jour. Je ne pouvais rien y ajouter; mais j’ai dû indiquer la faute. (B.)
  2. ce passage de l’auteur sacré a enhardi plus qu’aucun autre les critiques à soutenir que Moyse ne pouvait être l’auteur de ce livre : ils ont dit qu’il était de la plus grande évidence que ces mots, avant que les enfans d’Israël eussent un roi, n’ont pu être écrits que sous les rois d’Israël. C’est le sentiment du savant Le Clerc, de plusieurs théologiens de Hollande, d’Angleterre et même du grand Newton. Nous ne pouvons nous empêcher d’avouer que si la bible était un livre ordinaire, écrit par les hommes avec cette scrupuleuse exactitude qu’on exige aujourd’hui, ce passage aurait été tourné autrement. Il est certain que si un auteur moderne avait écrit, voici les rois qui ont regné en Espagne, avant que l’Allemagne eut sept électeurs, tout le monde conviendrait que l’auteur écrivait du temps des électeurs. Le saint esprit ne se regle pas sur de pareilles critiques ; il s’éleve au-dessus des temps et des loix de l’histoire ; il parle par anticipation ; il mêle le présent et le passé avec le futur. En un mot ce livre ne ressemble à aucun autre livre ; et les faits qui y sont contenus ne ressemblent à aucun des autres événemens qui se sont passés sur la terre. (Note de Voltaire.)
  3. Le dictionnaire philosophique, dès sa première éditions (1764), contient un article Joseph. Votez tome XIX, page 507.