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434 COMMENTAIRE

Les Juifs même, les Juifs, malgré riiorreur et le mépris qu'on avait pour eux, jouirent dans Rome de très-grands privilèges, et y eurent des synagogues secrètes avant et après la ruine de leur Jérusalem.

XXXIX.

« Le conquérant qui réduit le peuple en servitude doit tou- jours se réserver des moyens... pour l'en faire sortir. Je ne dis point ici des choses vagues. Nos pères, qui conquirent l'empire romain, en agirent ainsi. » (Page 156, liv. X, cliap. m.)

Je crois qu'on peut me permettre ici une réflexion. Plus d'un écrivain qui se fait historien en compilant au hasard (je ne parle pas d"un homme comme Montesquieu), plus d'un prétendu his- torien, dis-je, après avoir appelé sa nation la première nation du monde, Paris la première ville du monde, le fauteuil à bras où s'assied son roi le premier trône du monde, ne fait point diffi- culté de dire nous, nos aïeux, nos pères, quand il parle des Francs qui vinrent des marais delà le Rhin et la Meuse piller les Gaules et s'en emparer. L'ahhé Velly dit nous. Hé! mon ami, est-il bien sûr que tu descendes d'un Franc ? Pourquoi ne serais-tu pas d'une pauvre famille gauloise ?

XL.

(( Je ne dis point ici des choses vagues... Les lois que nos pères tirent dans le feu, dans l'action, dans l'impétuosité, dans l'orgueil de la victoire, ils les adoucirent. Leurs lois étaient dures, ils les rendirent impartiales. Les Rourguignons, les Goths, et les Lombards, voulaient toujours que les Romains fussent le peuple vaincu. Les lois d'Euric, de Gondebaud, de Rotharis, firent du Barbare et du Romain des concitoyens.» (Page 156, liv. X, ch. m.)

Euric, ou plutôt Évaric, était un Gotli que les vieilles chro- niques peignent comme un monstre. Gondebaud fut un Rour- guignon barbare battu par un Franc barbare. Rotharis, le Lom- bard, autre scélérat de ces temps-là, était un bon arien qui, régnant en Italie, où l'on savait encore écrire, fit mettre par écrit quelques-unes de ses volontés despotiques. V'oilà d'étranges législateurs à citer. Et Montesquieu appelle ces gens-là nos pères.

XLI.

(( Les Français ont été chassés neuf fois de l'Italie, à cause, disent les historiens, de leur insolence à l'égard des femmes et des filles, etc. » (Page 163, liv. X, chap. xi.)

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