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418 COMMENTAIRE

XIV.

(( Dans une monarchie, il faut mettre dans les vertus une certaine noblesse ; dans les mœurs, une certaine franchise ; dans les manières, une certaine politesse, » (Pages 33 et suiv., liv, IV, chap. II.)

De telles maximes nous paraîtraient convenables dans l'Art de se rendre agréable dans la conversation, par l'abbé de Bellegarde, ou dans les Moyens de plaire, de Moncrif : nos diseurs de riens auraient pu s'étendre merveilleusement sur ces trivialités, qui sont de tous les pays, et qui ne tiennent en rien aux lois.

XV.

« Aujourd'hui nous recevons trois éducations dilTércntcs ou contraires : celle de nos pères, celle de nos maîtres, celle du monde... Il y a un grand contraste dans les engagements de la religion et ceux du monde, chose que les anciens ne connais- saient pas. » (Page 38, liv. IV, chap. iv.)

Il est très-vrai qu'entre les dogmes reçus dans l'enfance, et les notions que le monde communique, il est une distance im- mense, une antipathie invincible.

Il est aussi très-vrai que les Grecs et les Romains ne purent connaître cette antipathie. On ne leur enseignait dès le berceau que des fables, des allégories, des emblèmes, qui devenaient bientôt la règle et la passion de toute leur vie. Leur valeur ne pouvait mépriser le dieu Mars. L'emblème de Vénus, des Grâces et des Amours, ne pouvait choquer un jeune homme amoureux. S'il brillait au sénat, il ne pouvait mépriser Mercure, le dieu de l'éloquence. Il se voyait entouré de dieux qui protégeaient ses talents et ses désirs. Xous avons dans notre éducation un avan- tage bien supérieur: nous apprenons à soumettre notre jugement et nos inclinations à des choses divines, que notre faiblesse ne peut jamais comprendre.

XVI.

« Lycurgue mêlant le larcin avec l'esprit de justice, le plus dur esclavage avec l'extrême liberté, etc., donna de la stabilité à sa ville. » (Page /jO, liv. IV, chap. vi.)

J'oserais dire qu'il n'y a point de larcin dans une ville où l'on n'avait nulle propriété, pas même celle de sa femme. Le larcin était le châtiment de ce qu'on appelle le personnel,

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