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DE M. DE LA VISCLÈDE. 32o

de Varsovie; Épître de Formont à Vahbè de Rothelln; Ode sur le vrai Dieu; Lettres de M. de La ViscVede à ses amis du Parnasse, etc., otcj.

Ceux qui se forment des bibliothèques sont toujours trompés par ce manège, qui ne sert qu'à étoufTer le bon grain sous un tas énorme d'ivraie. On est parvenu à nous dégoûter de la lecture à force de multiplier les livres et les livrets. S'il est vrai que les Pto- lémées eurent autrefois une bibliothèque de quatre cent mille volumes, on ne fit pas mal de la brûler ; et quand on brûlera toutes les brochures qui nous inondent, je commencerai par la mienne.

Nous sommes importunés, dans notre siècle, d'une foule de petits artistes qui dissèquent le siècle passé. On créait alors, et aujourd'hui on épluche, on critique la création. Je tombe dans ce défaut en vous écrivant ; mais j'ouvre mon cœur à mon ami, et je serais très-fàché que ma lettre devînt publique.

Permettez-moi de remarquer qu'on ne fut point sévère pour La Fontaine, parce qu'il semblait ne prétendre à rien : moins il exigeait, plus on lui accordait ; on lui passait ses mauvaises fables en faveur des excellentes. Il n'en était pas ainsi de Racine et de Boileau, qui prétendaient à la perfection : on les chicanait sur un mot. C'est ainsi qu'on pardonnait tout à Montaigne, et qu'on tomba rudement sur Balzac, qui voulait être toujours correct et toujours éloquent.

Depuis que La Bruyère, dans ses Caractères, eut jugé Corneille et Racine, combien d'écrivains se mirent à juger aussi! Et enfin on a fait plus de cent volumes sur ce siècle de Louis XIV. Chacun, dans ses jugements, soit en vers, soit en prose, a plus cherché à montrer de l'esprit qu'à trouver la vérité, et à faire des anti- thèses plutôt que des raisonnements.

L'inondation des journalistes et des folliculaires est venue, laquelle a noyé le bon avec le mauvais, et a détruit toute érudi- tion, en présentant des extraits à l'ignorance. Les lecteurs ont décidé comme les magistrats, qui jugent sur le rapport de leur secrétaire.

Il est arrivé pis, on s'est divisé en factions : les jansénistes ont voulu que les jésuites n'eussent jamais fait un bon ouvrage, et que le P, Bouhours ne sût pas sa langue. Les jésuites ont dénigré Boileau, parce qu'il était ami d'Arnauld. Les folliculaires se sont

��1. Ces pièces n'ont jamais été imprimées sous le nom de La Visclède; mais elles l'ont été sous celui de Voltaire, et même dans ses OEuvres ; voyez tome X, une des notes du DialoQue de Pégase et du Vieillard.

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