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les aveugla au point qu’ils ne virent pas les prodiges qu’il operait continuellement à leurs yeux.

X. Πάλιν παραλαμϐάνει αὐτὸν ὁ διάϐολος εἰς ὄρος ὑψηλὸν λίαν.

Derechef le diable emporte Jésus sur une montagne fort haute, etc. (Matth., chap, iv, v. 8.)

Jésus-Christ, ayant été baptisé, est d’abord emporté par le knatbul dans un désert. Il y reste quarante jours et quarante nuits sans manger ; et le diable lui propose de changer les pierres en pain. Ensuite il le transporte sur les pinacles, les acroteres du temple ; et il l’invite à se jetter en bas. Puis il le porte au sommet d’une montagne, dont on découvre tous les royaumes de la terre ; je te les donnerai tous, dit-il, si tu te prosternes devant moi et si tu m’adores.

Jamais les incrédules n’ont laissé plus éclater leur mécontentement que sur ces trois entreprises du diable, qui s’empare de Dieu-même, et qui veut se faire adorer par lui. Nous ne répéterons point les innombrables écrits dans lesquels ils frémissent de surprise et d’indignation. Le comte de Boulainvilliers et le Lord Bolingbroke ont dit, « qu’il n’y a point de pays en Europe où la justice ne condamnât un homme qui viendrait nous débiter pour la premiere fois de pareilles histoires de Dieu et du diable ; et que par une démence inconcevable nous condamnons cruement ceux qui, pénétrés pour Dieu de respect et d’amour, ne peuvent croire que le diable l’ait emporté ».

Ils supposent encore que cette histoire est aussi absurde que blasphématoire, et qu’il est trop ridicule d’imaginer une montagne dont on puisse voir tous les royaumes de la terre.

Nous répondons que ce n’est pas à nous de juger de ce que Dieu peut permettre au diable, qui est son ennemi et le nôtre. « Qui n’est effrayé au seul récit de ce transport ? (dit le révérend pere Calmet) ; et à quoi les plus justes ne seraient-ils pas exposés de la part de cet ennemi du genre humain, si Dieu ne mettait des bornes à sa puissance et à son envie de nous nuire ! »

XI. Πᾶς ἄνθρωπος πρῶτον τὸν ϰαλὸν οἶνον τίθησι, ϰαὶ ὅταν μεθυσθῶσι, τότε τὸν ἐλάσσω.

Tout homme donne d’abord de bon vin dans un repas, et ensuite, quand les convives sont échauffés, il sert le plus mauvais. (Jean, ch. ii, v. 10.)

Nous entremêlons ici saint Jean avec saint Matthieu, afin de ranger de suite des principaux miracles. C’est ici le miracle de