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traire. Car après avoir montré la multitude d’anges qui apparut aux bergers dans Bethléem et dont st Luc ne dit rien, et après avoir négligé le voyage et les présens des trois rois dont st Matthieu parle, il dit positivement que Marie alla se purifier au temple, et qu’elle s’en retourna en Galilée à Nazareth avec son mari et son fils.

Ainsi Luc paraît contraire à Matthieu dans les circonstances qui accompagnent la naissance de Jésus, dans sa généalogie, dans la visite des mages, dans la fuite en Égypte.

Les interprètes concilient aisément ces prétendues contradictions, en remarquant que les différents rapports ne sont pas toujours contraires ; qu’un historien peut raconter un fait, et un second historien un autre fait, sans que ces faits se détruisent.

VII. Καὶ ἀποστείλας ἀνεῖλε πάντας τοὺς παῖδας τοὺς ἐν Βηθλεὲμ.

Et ayant dépêché des apôtres (des envoyés), il fit tuer tous les enfants de Bethléem, etc. (Matth., chap. ii, v. 16.)

Les critiques ne cessent de s’étonner que les autres évangélistes se taisent sur un fait si extraordinaire, sur une cruauté si inouie, dont il n’est aucun exemple chez aucun peuple. Ils disent que plus ce massacre est affreux, plus les évangélistes en devraient parler. Ils ne conçoivent pas comment un prince, honoré du nom de grand, un roi favori d’Auguste, ait été assez imbécille pour croire, à soixante et dix ans, qu’il était né dans une étable un enfant de la populace, lequel était roi des juifs et qui allait le détrôner. Il ne paraît pas moins incroyable aux critiques, que cet Hérode ait été en même temps assez follement barbare pour faire tuer tous les enfants du pays.

Cependant l’ancienne lithurgie grecque compte quatorze mille enfants d’égorgés. C’est beaucoup. Les critiques ajoutent que Flavien Joseph, historien qui entre dans tous les détails de la vie d’Hérode, Flavien Joseph parent de Mariamne, aurait parlé de cette aventure horrible, si elle avait été vraie, ou seulement vraisemblable.

On répond que le témoignage de saint Matthieu suffit : il affirme, et les autres ne nient pas, ils omettent. Personne n’a contredit le rapport de st Matthieu. On allegue même le témoignage de Macrobe, qui vécut, à la vérité, plus de quatre cents ans après, mais qui dit qu’Hérode fit tuer plusieurs enfants avec son propre fils. Macrobe confond les temps : Hérode fit mourir son fils Antipater avant le temps où l’on place le massacre des inno-