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d’Hérode Second. Mais quelle que soit l’époque de cette institution, elle prouve qu’Hérode avait un parti considérable, malgré ses cruautés. Le peuple fut plus frappé de sa magnificence, qu’indigné de ses barbaries. Ses grands monuments, et sur-tout le temple, parlaient aux yeux, et fesaient oublier ses fureurs. Ce nom de grand qu’on lui donna, et qui est toujours prodigué d’abord par la populace, atteste assez qu’il subjugua l’esprit du public, en étant abhorré des grands et des sages. C’est ainsi qu’est fait le vulgaire. On avait été en paix sous son regne ; il avait bâti un temple plus beau que celui de Salomon ; et ce temple, selon les juifs, devait un jour être celui de l’univers. Voilà pourquoi ils l’appellerent messie. Nous avons vu[1] que c’était un nom qu’ils prodiguaient à quiconque leur avait fait du bien. Ainsi, tandis que la plupart des pharisiens célébraient le jour de sa mort comme un jour de délivrance, les hérodiens fêtaient son avenement au trône comme l’époque de la félicité publique. Cette secte, qui reconnut Hérode pour un bienfaiteur, pour un messie, dura jusqu’à la destruction de Jérusalem, mais en s’affaiblissant de jour en jour. Les juifs de Rome, pour lesquels il avait obtenu de grands privileges, avaient une fête en son honneur. Perse en parle dans ses satyres : herodis venere dies . à quoi sert donc la vertu, si l’on voit tant de méchants honorés ?


DES AUTRES SECTES, ET DES SAMARITAINS.

Les caraïtes étaient encore une grande secte des juifs. Ils se sont perpétués au fond de la Pologne, où ils exercent le métier de courtiers, et croient expliquer l’ancien testament. Les rabanites leurs adversaires les combattent par la tradition. Un Judas éleva une autre secte du temps de Pilate. Ces judaïtes regardaient comme un grand péché d’obéir aux romains : ils exciterent une sédition furieuse contre ce Pilate, dans laquelle il y eut beaucoup de sang répandu. Ces fanatiques furent même une des causes de la mort de Jesus-Christ ; car Pilate, ne voulant pas exciter parmi eux une sédition nouvelle, aima mieux faire supplicier Jesus que d’irriter des esprits si farouches. Outre ces sectes principales il y en avait beaucoup d’obscures formées par des enthousiastes de la lie du peuple : des gorthéniens, des masbothéens, des baptistes, des génistes, des méristes,

  1. Tome XX, page 64; et XXVI, 221.