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Donc l’histoire du supplice des prétendus sept Machabées et de leur mere n’est qu’un roman. 2 le romanesque auteur commence ses mensonges par dire, qu’Alexandre partagea ses états à ses amis de son vivant. Cette erreur, qui n’a pas besoin d’être réfutée, fait juger de la science de l’écrivain. 3 presque toutes les particularités rapportées dans ce premier livre des machabées sont aussi chimériques. Il dit que Judas Machabée, lorsqu’il fesait la guerre de caverne en caverne dans un coin de la Judée, voulut être l’allié des romains ; ayant appris qu’il y avait bien loin un peuple romain, lequel avait subjugué les galates . Mais cette nation des galates n’était pas encore asservie ; elle ne le fut que par Cornélius Scipio. 4 il continue et dit, qu’Antiochus le grand, dont Antiochus épiphane était fils, avait été captif des romains . C’est une erreur évidente. Il fut vaincu par Lucius Scipio surnommé l’asiatique ; mais il ne fut point prisonnier ; il fit la paix, se retira dans ses états de Perse, et paya les fraix de la guerre. On voit ici un auteur juif mal instruit de ce qui se passe dans le reste du monde, et qui parle au hazard de ce qu’il ne sait point. Calmet dit, pour rectifier cette erreur : ce prince se soumit au vainqueur ni plus ni moins que s’il eût été captif . 5 l’écrivain des machabées ajoute, que cet Antiochus le grand céda aux romains les Indes, la Médie et la Lydie . Ceci devient trop fort. Une telle impertinence est inconcevable. C’est dommage que l’auteur juif n’y ait pas ajouté la Chine et le Japon. 6 ensuite, voulant paraître informé du gouvernement de Rome, il dit, qu’on y élit tous les ans un souverain magistrat, auquel seul on obéit . L’ignorant ne savait pas même que Rome eût deux consuls. 7 Judas Machabée et ses freres, si on en croit l’auteur, envoient une ambassade au sénat romain ; et les ambassadeurs, pour toute harangue, parlent ainsi : Judas Machabée, et ses freres, et les juifs, nous ont envoyés à vous pour faire avec vous société et paix . C’est à peu près comme si un chef de parti de la république de St Marin envoyait des ambassadeurs au grand-turc pour faire société avec lui. La réponse des romains n’est pas moins extraordinaire. S’il y avait eu en effet une ambassade à Rome d’une république Palestine bien reconnue, si Rome avait fait