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péchés des morts ; tant il avait de bons et de religieux sentiments touchant la résurrection.

il est évident qu’il n’y avait qu’un pharisien nouvellement persuadé de la résurrection qui pût s’exprimer ainsi. Nous ne dissimulerons point les raisons qu’on apporte contre l’authenticité et la veracité des livres des machabées. 1 on nie d’abord le supplice des sept freres Machabées et de leur mere, parce qu’il n’en est point fait mention dans le premier livre, qui va bien loin par-delà le regne d’Antiochus épiphane ou l’illustre. Matathias, pere des Machabées, n’avait que cinq fils, qui tous se signalerent pour la défense de la patrie. L’auteur du second livre, qui raconte le supplice des Machabées, ne dit point en quel lieu Antiochus ordonna cette exécution barbare ; et il l’aurait dit si elle avait été vraie. Antiochus semblait incapable d’une action si cruelle, si lâche et si inutile. C’était un très-grand prince, qui avait été élevé à Rome. Il fut digne de son éducation, valeureux et poli, clément dans la victoire, le plus libéral des princes et le plus affable ; on ne lui reproche qu’une familiarité outrée qu’il tenait de la plupart des grands de Rome, dont la coutume était de gagner les suffrages du peuple en s’abaissant jusqu’à lui. Le titre d’illustre que l’Asie lui donna, et que la postérité lui conserve, est une assez bonne réponse aux injures (lâche ressource des faibles) que les juifs ont prodiguées à sa mémoire, et que des compilateurs indiscrets ont répétées de nos jours par un zele plus emporté que judicieux. Il était roi de Jérusalem, enclavée dans ses vastes états de Syrie. Les juifs se révolterent contre lui. Ce prince, vainqueur de l’égypte, revint les punir ; et comme la religion était l’éternel prétexte de toutes les séditions et des cruautés de ce peuple, Antiochus lassé de sa tolérance, qui les enhardissait, ordonna enfin qu’il n’y aurait plus qu’un seul culte dans ses états, celui des dieux de Syrie. Il priva les rebelles de leur religion et de leur argent, deux choses qui leur étaient également cheres. Antiochus n’en avait pas usé ainsi en égypte, conquise par ses armes ; au contraire, il avait rendu ce royaume à son roi avec une générosité qui n’avait d’exemple que dans la grandeur d’ame avec laquelle on a dit que Porus fut traité par Alexandre. Si donc il eut plus de sévérité pour les juifs, c’est qu’ils l’y forcerent. Les samaritains lui obéirent ; mais Jérusalem le brava ; et delà naquit cette guerre sanglante, dans laquelle Judas Machabée et ses quatre freres firent de si belles choses avec de très-petites armées.