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commentateurs, est l’article d’Olla et d’Ooliba. Le prophete fait parler ainsi le seigneur à Olla[1]. " je t’ai fait croître comme l’herbe qui est dans les champs ; tu es parvenue au temps où les filles aiment les ornemens ; tes tettons sont enflés ; ton poil a poussé ; tu étais toute nue et pleine de confusion ; j’ai passé auprès de toi ; je t’ai vue. Voilà le temps des amans. Je me suis étendu sur toi ; j’ai couvert ton ignominie ; j’ai juré un pacte avec toi, et tu as été mienne... je t’ai donné des robes de plusieurs couleurs ; je t’ai donné des souliers bleus, une ceinture de coton... tu as été parée d’or et d’argent, nourrie de bon pain, de miel et d’huile. Et après cela tu as mis ta confiance en ta beauté ; tu as forniqué en ton nom, et tu as exposé ta fornication à tous les passants ; tu t’es bâti un mauvais lieu, et tu t’es prostituée dans les rues... on paie les filles de joie ; et tu as payé tes amans pour forniquer avec toi... " ensuite le seigneur s’adresse à Ooliba ; il dit qu’Ooliba a exposé à nu ses fornications,... etc. Ce n’est point là le récit d’une avanture réelle, comme celle du prophete Ozée avec la gomer ; ce n’est qu’une pure allégorie exprimée avec une naïveté qu’aujourd’hui nous trouverions trop grossiere, et qui peut-être ne l’était point alors. Les juifs firent beaucoup de difficultés pour insérer cette prophétie dans leur canon ; et lorsqu’ils l’admirent, ils n’en permirent la lecture qu’à l’âge de trente ans. Une des raisons qui les porterent à cette sévérité, fut qu’ézéchiel, dans sa prophétie, fait dire au seigneur : j’ai donné à mon peuple des préceptes qui ne sont pas bons, et je leur ai donné des ordonnances dans lesquelles ils ne trouveront point la vie . On eut peur que ce passage ne diminuât le respect des juifs pour la loi de Moyse. On peut encore remarquer sur ézéchiel la prédiction qu’il fait au chapitre trente-neuf, pour consoler les juifs captifs. Il fait inviter par le seigneur-même tous les oiseaux et tous les quadrupedes à venir manger la chair des guerriers qu’il immolera, et à boire le sang des princes. Et ensuite il dit au verset 19 et 20 : " vous mangerez de la chair grasse jusqu’à satiété ; vous boirez le sang de la victime

  1. Le texte est rapporté dans la Lettre de M. Ératou en tête du Cantique des cantiques, tome IX.