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qu’il disait écrits au douzieme siecle, et qui prédisaient les noms de tous les papes jusqu’à la fin du monde. Nous sommes bien loin de penser ainsi de la prophétie de Daniel ; mais on nous a fait une loi de rapporter toutes les critiques. 9 après la vision des quatre bêtes, l’ange Gabriel, que les juifs ne connurent que pendant leur captivité, vient visiter Daniel, et lui révele : " que le temps de soixante et dix semaines est abrégé sur tout le peuple et sur la ville sainte, afin que la prévarication soit consommée, que le péché reçoive sa fin, que l’iniquité s’efface, que la justice éternelle soit amenée, que la vision et la prophétie soient accomplies, et que le sanctuaire soit oint... " sache donc et pense, que de l’ordre donné pour rebâtir Jérusalem, jusqu’à l’oint chef du peuple, il y aura sept semaines, et soixante-deux semaines ; et les murailles seront bâties dans des temps facheux ; et après soixante-deux semaines le chef oint sera tué. " voilà cette fameuse prophétie que les uns ont appliquée à Judas Maccabée, regardé comme un messie, un oint, un libérateur, et qui l’était en effet ; les autres au grand-prêtre Onias ; les autres enfin à notre seigneur Jesus-Christ lui-même ; mais qu’aucun interprête n’a pu faire cadrer avec le temps auquel il en fait l’application. Ce passage, ainsi que tant d’autres, nous laisse dans une obscurité profonde, que les phrases de l’abbé Houteville, secrétaire du cardinal Du Bois, n’ont pas éclairée. 10 après cette prophétie de soixante-deux semaines, plus sept semaines, l’ange Gabriel avertit Daniel qu’il a résisté pendant vingt et un jours à l’ange des perses ; mais que l’ange Michel ou Michaël est venu à son secours. Ce passage prouve que les fables grecques de dieux combattants contre des dieux, avoient déjà pénétré chez le peuple juif. 11 l’histoire de Suzanne et des deux vieillards débauchés et calomniateurs ne tient point au reste de l’histoire de Daniel. Saint Jérôme ne la regarde que comme une fable rabbinique. 12 l’histoire du dragon, qu’on nourrissait dans le temple de Bel, a eu autant de contradicteurs que celle de Suzanne ; et saint Jérôme n’est gueres plus favorable aux unes qu’aux autres. Il avoue que ni Suzanne, ni le dragon, ni la chanson

    l'accomplissement doit être suivi de la destruction de la ville à sept montagnes. (B.)