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avaient donnés au soleil à l’entrée du temple… il tua tous les prêtres des hauts lieux qui étaient à Béthel… et brûla sur ces autels des os de morts… puis il dit à tout le peuple : célébrons la pâques en l’honneur d’Adonaï votre dieu, selon ce qui est écrit dans ce livre du pacte avec Dieu…[1]. Il n’y eut point avant Josias de roi semblable, qui revînt au seigneur de tout son cœur, de toute son ame et de toute sa force ; et on n’en a point vu non plus après lui… cependant l’extrême fureur d’Adonaï ne s’appaisa point, parce que Manassé pere de Josias l’avait fort irrité. C’est pourquoi Adonaï dit : je rejetterai Juda de ma face, comme j’ai rejetté Israël ; et je rejetterai Jérusalem et la maison que j’ai choisie[2].

    soleil. Cette coutume était visiblement prise du culte des perses. Presque chaque ligne concourt à prouver, que jamais la religion hébraïque n’eut une forme stable qu’après le retour de la captivité ; les juifs emprunterent tous leurs rites, toutes leurs cérémonies des égyptiens, des syriens, des chaldéens, des perses. Il n’est pas aisé de concevoir comment ce Josias tua tous les prêtres de Béthel ; car Béthel, tout voisin qu’il était de Jérusalem, ne lui appartenait pas : c’était à Béthel que s’était établi ce prêtre qui était envoyé aux samaritains, et qu’on suppose avoir écrit le pentateuque. S’il amena avec lui d’autres missionnaires pour enseigner aux samaritains la religion israélite, le melk Josias, en les tuant, ne fut donc qu’un assassin, un tyran abominable. La coutume de brûler des os de morts, et sur-tout de bêtes mortes, pour souiller des lieux consacrés, était un usage des sorciers : on voit dans la vie du dernier des Zoroastres, que ses ennemis cacherent dans sa chambre un petit sac plein d’os de bêtes, afin de le faire passer pour un magicien. Voyez Hide.

  1. si Josias propose de faire la pâques selon le rite indiqué dans ce livre du pacte avec Dieu, dans ce livre unique trouvé par le grand-prêtre au fond d’un coffre et donné au roi par le secrétaire Saphan, on n’avait donc point fait la pâques auparavant ; et en effet aucun des livres de l’écriture ne parle d’une célébration de pâques sous aucun roi de Juda ou d’Israël, ni sous aucun des juges : c’est encore une confirmation de cette opinion, très-répandue et très-vraisemblable, que la religion hébraïque n’était point formée ; que les livres judaïques n’avaient jamais été rassemblés, et, selon tant de doctes, qu’ils n’avaient point été écrits ; que tout s’était fait d’après des traductions vagues et changeantes ; et que c’est ainsi que tout s’est fait dans le monde.
  2. l’auteur du livre des rois nous dit que jamais roi ne fut si pieux, n’aima tant Dieu, que Josias ; et il ajoute que Dieu, pour récompense, rejette sa maison et Jérusalem, parce que Manassé pere de Josias l’avait offensé. C’est surquoi tous les critiques se récrient. Le prêtre de Juda, disent-ils, qui écrivait ce livre, veut insinuer que tous les rois de la terre n’auraient pu prendre Jérusalem, si le seigneur ne la leur avait pas livrée ; mais pour que le seigneur leur permette de détruire cette Jérusalem qui devait durer éternellement, il faut qu’il soit en colere contre elle : il ne peut être en colere contre Josias ; il l’est donc contre son pere. C’est puissamment raisonner : aussi ne répliquons-nous rien à cet argument.