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Et en revenant de Syrie il tailla en pieces dix-huit mille hommes dans la vallée des salines… et les enfants de David étaient prêtres…[1]. Cependant il arriva que David, s’étant levé de son lit après midi se promenait sur le toit de sa maison royale ; et il vit une femme qui se lavait sur son toit vis-à-vis de lui. Or cette femme était fort belle. Le roi envoya donc savoir qui était cette femme ; et on lui rapporta que c’était Bethsabé fille d’élie, femme d’Urie l’éthéen. David l’envoya prendre par ses gens ; et dès qu’elle fut venue il coucha avec elle ; après quoi, en se lavant, elle se sanctifia, se purifiant de son impureté… et après que David eut fait tuer Urie, la femme d’Urie, ayant appris que son mari était mort, le pleura… Et après qu’elle eut pleuré, David la prit, grosse de lui, dans sa maison, et l’épousa[2].

    leur coupait les membres qui débordaient, et on allongeait par des tortures les membres qui n’étaient pas assez longs. L’horrible cruauté de David fait de la peine à Don Calmet : cette exécution, dit-il, fait frémir ; mais les loix de la guerre de ces temps-là permettaient de tuer les captifs . Nous osons dire à Don Calmet, qu’il n’y avait point de loix de la guerre, que les juifs en avaient moins qu’aucun peuple ; et que chacun suivait ce que sa cruauté ou son intérêt lui dictait. On ne voit pas même que jamais les peuples ennemis des juifs les aient traités avec une barbarie qui approche de la barbarie juive : car lorsque les amalécites prirent la bourgade Sigelec, où David avait laissé ses femmes et ses enfants, il est dit, qu’ils ne tuerent personne ; ils ne mesurerent point les captifs avec des cordes, et ne firent point périr dans les supplices ceux dont les corps ne s’ajustaient pas avec cette mesure. Plusieurs savants nient formellement ces victoires de David en Syrie et jusqu’à l’Euphrate. Ils disent qu’il n’en est fait aucune mention dans les histoires ; que si David avait étendu sa domination jusqu’à l’Euphrate, il eût été un des plus grands souverains de la terre. Ils regardent comme une exagération insoutenable ces prétendues conquêtes du chef d’une petite nation, maîtresse d’une seule ville, qui n’était pas même encore bâtie. Comme nous n’avons que des juifs qui aient écrit l’histoire juive, et que les historiens orientaux, qui auraient pu nous instruire, sont perdus, nous ne pouvons décider sur cette question. Il n’est pas improbable que David ait fait quelques courses jusqu’auprès de Damas.

  1. des commentateurs, que Calmet a suivis, prétendent que prêtres signifie princes
    il
    est plus probable que David voulut joindre dans sa maison le sacerdoce avec l’empire ; rien n’est plus politique. Au reste ces mots, ils étaient prêtres ; n’ont aucun rapport avec ce qui précede et ce qui suit : c’est une marque assez commune de l’inspiration.
  2. l’avanture de Bethsabé est assez connue, et n’a pas besoin de long commentaire. Nous remarquerons que la maison d’Urie devait être très voisine de la maison de David ; puisqu’il voyait de son toit Bethsabée se baignant sur le sien. La maison royale était donc fort peu de chose, n’étant pas séparée des autres par des murailles élevées, par des tours et des fossés, selon l’usage. Il est remarquable que l’écrivain sacré se sert du mot sanctifier , pour exprimer