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Et lorsque le roi Achis lui disait : où as-tu couru aujourd’hui ? David lui répondait : j’ai couru au midi vers Juda… or David ne laissait en vie ni homme ni femme, disant : je les tue, de peur qu’ils ne parlent contre nous. Akis se fiait donc à lui, disant : il fait bien du mal à Israël ; il me sera toujours fidele… et il dit à David : je ne confierai qu’à toi la garde de ma personne…[1]. Or les philistins s’étant assemblés, Saül ayant aussi assemblé ses gens vers Gelboé, et ayant vu les philistins, il trembla de peur. Il consulta le seigneur ; mais il ne lui répondit rien ni par les songes, ni par les prêtres, ni par les prophetes[2]. Et il dit à un de ses gens : va me chercher une femme (une ventrilogue) qui ait un ob, un esprit de Python[3]

    pas au moins le ravage chez ses compatriotes ; qu’il ne trahissait et qu’il n’égorgeait que ses alliés, lesquels étaient des infideles. Il y a aussi des commentateurs éclairés, qui, regardant David comme l’exécuteur des vengeances de Dieu, l’absolvent de tout péché dans cette occasion.

  1. voilà David qui, d’écuyer et de gendre de Saül son roi, devient formellement capitaine des gardes de l’ennemi d’Israël. Il est difficile, nous l’avouons avec douleur, de justifier toute cette conduite selon le monde ; mais selon les desseins inscrutables de Dieu, et selon la barbarie abominable de ces temps-là, nous devons suspendre notre jugement, et tâcher d’être justes dans le temps où nous sommes, sans examiner ce qui était juste ou injuste alors.
  2. il est défendu dans le deutéronome d’expliquer les songes ; mais Dieu se réservait le droit de les expliquer lui-même. Aujourd’hui un général d’armée, qui déterminerait ses opérations de campagne sur un songe, ne serait pas regardé comme un homme bien sensé. Mais, nous l’avons déjà dit, ces temps-là n’ont rien de commun avec les nôtres.
  3. les devins, les sorciers, les pythonisses, les prophetes, dans tous les pays, ont toujours affecté de parler du creux de la poitrine, et de former des sons qui ont quelque chose de sombre et de lugubre : ils se disaient tous agités d’un esprit qui les fesait parler autrement que les autres hommes ; et la populace se laissait prendre à ces infames simagrées, qui effrayaient les femmes et les enfants. Les premiers prophetes des Cevennes, vers l’an 1704, parlaient tous du creux de la poitrine, et traînaient un peuple fanatique après eux. Il n’en était pas ainsi des vrais prophetes du seigneur. Saül demande une femme qui ait un ob ; la vulgate dit, un esprit de Python. Les profonds mythologistes, qui ont sérieusement examiné l’histoire de Typhon frere d’Osiris et d’Isis, ont conclu savamment qu’il était le même que le serpent Python. Le judicieux Bochard assûre pourtant, que Typhon était le même qu’Encélade. Leur histoire est aussi confuse que le reste de la mythologie. Il n’est pas aisé de savoir si Jupiter se battit contre Typhon, et le foudroya ; ou si Apollon tua Python à coups de fleches. Quoiqu’il en soit, la pythie, ou pythonisse de Delphes, rendait des oracles de temps immémorial. Non seulement elle