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taient[1]. Et comme il parlait encore, voilà que le bâtard nommé Goliath, philistin de Geth, vint recommencer ses bravades ; et tous les israélites qui l’entendaient se mirent à fuir devant sa face en tremblant de peur… et un homme d’Israël se mit à dire : voyez-vous ce philistin qui vient insulter Israël ? S’il se trouve quelqu’un qui puisse le tuer, le roi l’enrichira de grandes richesses et lui donnera sa fille, et sa famille sera affranchie de tout péage en Israël. Et David disait à ceux qui étaient auprès de lui, que donnera-t-on à celui qui tuera ce philistin ? Et le peuple lui répétait les mêmes discours… or ces paroles de David ayant été entendues, furent rapportées au roi. Et Saül l’ayant fait venir devant lui, David lui parla ainsi :[2] que personne n’ait le cœur troublé à cause de Goliath ; car j’irai, moi ton serviteur, et je combattrai ce philistin… et Saül lui dit : tu ne saurais résister à ce philistin, parce que tu n’es qu’un enfant, et qu’il est homme de guerre dès sa jeunesse… et David ajouta : le seigneur, qui m’a délivré de la main d’un lion et de la main d’un ours, me délivrera de la main de ce philistin[3]… Saül dit donc à David : va, et que le seigneur soit avec toi ; et il lui donna ses armes, lui mit sur la tête un casque d’airain, et sur le corps une cuirasse… et David ayant ceint l’épée par-dessus sa tunique, commença à essayer s’il pouvait marcher avec ces armes ; car il n’y était pas accoutumé. David dit donc à Saül, je ne puis marcher avec ces armes, car je n’en ai pas l’habitude ; et il quitta ses armes. Il prit le bâton qu’il avait coutume de porter ; et il prit dans le torrent cinq pierres, et les mit dans sa panetiere ; et tenant sa fronde à la main, il marcha contre le philistin. Le philistin s’avança aussi, et s’approcha de David, ayant devant lui son écuyer. Et lorsqu’il eut regardé David, voyant que c’était un adolescent roux et beau à voir, il le méprisa et lui dit : suis-je un chien, pour que tu viennes à moi avec un bâton ?…

  1. on fait toujours la même question, pourquoi l’écuyer du roi l’avait abandonné. Nous y avons déjà répondu.
  2. les critiques disent, que ces histoires de géants, vaincus par des hommes d’une taille médiocre, sont très communes dans l’antiquité, soit qu’elles aient été véritables, soit qu’elles aient été inventées. Un fait n’est pas toujours romanesque pour avoir l’air romanesque. Ils censurent ces paroles de David, que donnera-t-on ? Il semble que David ne combatte pas par amour pour la patrie, mais par l’espoir du gain. Mais il est permis de desirer une juste récompense.
  3. il y a des naturalistes qui prétendent qu’on ne voit point d’ours dans les pays qui nourrissent des lions. Nous ne sommes pas assez instruits de cette particularité pour les réfuter ; l’histoire sacrée est plus croyable qu’eux.