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Donc Saül commanda au peuple, et l’ayant assemblé comme des agneaux, il trouva deux cents mille hommes de pieds, et dix mille hommes de Juda… et il marcha à la ville d’Amalec ; et il dressa des embuscades le long du torrent… et Saül frappa Amalec depuis Hévila jusqu’à Sur, vis-à-vis de l’égypte. Et il prit vif Agag roi des amalécites, et tua tout le peuple dans la bouche du glaive… mais Saül et les israélites épargnerent Agag et l’élite des brebis, des bœufs, des béliers, et de ce qu’il y avait de plus beau en meubles et en vêtemens ; ils ne démolirent que ce qui parut vil et méprisable[1]. Alors le verbe du seigneur fut fait à Samuel, disant : je me repens d’avoir fait Saül roi, parce qu’il m’a abandonné. Samuel en fut enflammé, et cria au seigneur toute la nuit. Donc s’étant levé avant le jour pour aller chez Saül au matin, on lui annonça que Saül était venu sur le mont Carmel, où il s’érigeait un monument, un four triomphal, et que delà il était descendu à Galgal. Samuel vint donc à Saül ; et Saül offrait au seigneur un holocauste des prémices du butin pris sur Amalec.

    coin ignoré de ce misérable globe, pour dire à des juifs : à propos, je me souviens qu’il y a environ quatre cents ans qu’un petit peuple vous refusa le passage ; allons, vous avez une guerre terrible avec vos maîtres les philistins, contre lesquels vous vous êtes révoltés ; laissez là cette guerre embarrassante ; allez vous en contre ce petit peuple, qui ne voulut pas autrefois que vous vinssiez tout ravager chez lui en passant ; tuez hommes, enfants, vieillards, femmes, filles, bœufs, vaches, chevres, brebis, ânes ; car comme vous êtes en guerre avec le peuple puissant des philistins, il est bon que vous n’ayez ni bœufs ni moutons à manger, ni ânes pour porter le bagage. Ces paroles nous font fremir ; et assurément si c’était un homme qui parlât ; nous ne l’approuverions point ; mais c’est Dieu qui parle ; et ce n’est pas à nous de savoir quelle raison il avait pour ordonner qu’on tuât tous les amalécites, leurs moutons et leurs ânes.

  1. toujours les mêmes objections sur ces prodigieuses armées, que le prétendu roi d’une horde d’esclaves leve en un moment. Les turcs ont bien de la peine à conduire aujourd’hui une armée de quatre-vingts mille combattants complet. On demande encore ce que sont devenus les autres cent vingt-mille soldats du Melk Saül, lesquels étaient venus combattre sans avoir une seule épée, une seule fleche. Tout-à-l’heure, dit le fameux curé Mêlier, l’armée de Saül était de trois cents trente mille hommes ; et il ne lui en reste plus que deux cents dix mille ; le reste apparemment est allé conquérir le monde sur les pas de Sésostris. Ces railleries indécentes du curé Mêlier ne sont pas des raisons. Il était fort difficile de nourrir de si grandes armées dans un petit pays tel que la Judée : on était obligé de licentier ses troupes au bout de peu de jours ; ainsi il ne serait pas surprenant que Saül eût été un jour suivi de trois cents mille hommes, et un autre de deux cents mille : il est vrai qu’il faut au moins quelques épées, quelques fleches à tant de soldats, et que selon le texte ils n’en avaient point ; mais ils pouvaient se servir de frondes et de massues.