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Samuel dormait dans le temple du seigneur, où était l’arche de Dieu. Et avant que la lampe qui brûlait dans le temple fût éteinte, le seigneur appella Samuel ; et Samuel répondit : me voici. Il courut aussi-tôt vers le grand-prêtre Héli, et lui dit : me voici, car vous m’avez appellé. Héli lui dit : je ne t’ai point appellé ; et il dormit. Le seigneur appella encore Samuel, qui, s’étant levé, courut à Héli, et lui dit : me voici…[1]. Or Samuel ne savait point encore distinguer la voix du seigneur ; car le seigneur ne lui avait point encore parlé… le seigneur appella donc encore Samuel pour la troisieme fois ; il s’en alla toujours à Héli, et lui dit : me voici… le seigneur vint encore, et il l’appella en criant deux fois, Samuel, Samuel !… et le seigneur lui dit : tiens, je vais faire un verbe dans Israël, que quiconque l’entendra les oreilles lui corneront ;… j’ai juré à la maison d’Héli que l’iniquité de cette maison ne sera jamais expiée, ni par des victimes, ni par des présents[2].

    toléroient : il paraît que c’était dans le village appellé Silo, et que l’arche des juifs était cachée dans ce village, qui appartenait encore aux philistins, et dans lequel les juifs avaient permission de demeurer et d’exercer entr’eux leur police et leur religion. L’auteur fait entendre que les juifs étaient si misérables, que Dieu ne leur parlait plus fréquemment comme autrefois, et qu’ils n’avaient plus de visions : c’était l’idée de toutes ces nations grossieres, que quand un peuple était vaincu, son dieu était vaincu aussi ; et que, lorsqu’il se relevait, son dieu se relevait avec lui.

  1. les critiques téméraires ne peuvent souffrir que le créateur de l’univers vienne appeller quatre fois un enfant pendant la nuit. Milord Bolingbroke traite le lévite, auteur de la vie de Samuel, avec le même mépris qu’il traite les derniers de nos moines, et que nous traitons nous-mêmes les auteurs de la légende dorée et de la fleur des saints ; c’est continuellement la même critique, la même objection ; et nous sommes obligés d’y opposer la même réponse.
  2. Woolston trouve l’auteur sacré excessivement ridicule, de dire que le petit Samuel ne savait pas encore distinguer la voix du seigneur, parce que le seigneur ne lui avait point encore parlé . Effectivement on ne peut reconnaître à la voix celui qu’on n’a point encore entendu : c’est d’ailleurs supposer que Dieu a une voix, comme chaque homme a la sienne. Boulanger en tire une preuve que les juifs ont toujours fait dieu corporel, et qu’ils ne le regarderent que comme un homme d’une espece supérieure, demeurant d’ordinaire dans une nuée, venant sur la terre visiter ses favoris, tantôt prenant leur parti, tantôt les abandonnant, tantôt vainqueur, tantôt vaincu, tel, en un mot, que les dieux d’Homere. Il ne nie pas que l’écriture ne donne souvent des idées sublimes de la puissance divine ; mais il prétend qu’Homere en donne de plus sublimes encore, qu’on en trouve de