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Adonisédec roi de Jérusalem ayant appris ce que Josué avait fait dans Haï et dans Jérico, envoya vers les rois d’Hebron, de Pharan, de Jérimoth, etc… [1].

Josué tomba donc tout d’un coup sur eux tous ; et le seigneur les épouvanta, et il en fit un grand carnage près de Gabaon. Josué les poursuivit par la voie de Bethoron, et les ailla tous en piece. Et lorsque les fuyards furent dans la descente de Bethoron, le seigneur fit pleuvoir du haut du ciel sur eux de grosses pierres, et en tua beaucoup plus que le glaive d’Israël n’en avait mis à mort… [2]. Alors Josué parla au seigneur le jour auquel il avait livré les amorrhéens entre ses mains, en présence des enfans d’Israël, et il dit en leur présence : soleil, arrête-toi vis-à-vis de Gabaon, lune n’avance pas contre la vallée d’Ayalon. Et le soleil et la lune s’arrêterent jusqu’à-ce que le peuple se fût vengé de ses ennemis… cela n’est-il pas écrit dans le livre des justes ? Le soleil s’arrêta donc au milieu du ciel, et ne se coucha point l’espace d’un jour[3].

    indiquer que le livre de Josué n’est pas écrit par les contemporains. Mais en quelque temps qu’il ait été fait, il est sûr qu’il a été inspiré. Jamais un homme abandonné à lui-même n’aurait osé écrire de pareilles choses.

  1. les critiques disent qu’il n’y avait point de roi de Jérusalem alors. Ils prétendent même que le mot de Jérusalem était inconnu. C’était un village des jébuséens, qui touche au grand désert de l’Arabie pétrée, un lieu fort propre à bâtir une forteresse sur le passage des arabes. Ce sont trois montagnes dans un pays aride. Nous disons avec les commentateurs les plus approuvés, que Josué n’écrivit point cette histoire. Les samaritains ont un livre de Josué très différent de celui-ci. Il y en a un exemplaire dans la bibliotheque de Leide ; mais nous ne reconnaissons que celui qui est admis dans le canon. C’est indubitablement le seul sacré et le seul inspiré.
  2. toute l’antiquité a parlé de pluie de pierres. La premiere est celle que Jupiter envoya au secours d’Hercule contre les fils de Neptune. Don Calmet assure, que c’est un fait constant qu’on a vu autrefois de fort grosses pierres s’enflammer en l’air et retomber sur la terre, et qu’on ne peut raisonnablement révoquer en doute le prodige raconté par Josué . On remarque seulement ici que ces pierres, étant fort grosses, durent écraser tous les amorrhéens qui étaient poursuivis par l’armée de Josué, et qu’il est difficile qu’il en soit resté un seul en vie. C’est ce qui fait que plusieurs savants sont étonnés que Josué ait encore eu recours au grand miracle d’arrêter le soleil et la lune.
  3. Grotius prétend que le texte ne signifie pas que le soleil et la lune s’arrêterent, mais que Dieu donna le temps à Josué de tuer tout ce qui pouvait rester d’ennemis avant que le soleil et la lune se couchassent. Le Clerc décide nettement que le soleil ne s’arrêta pas, mais parut s’arrêter. Mais tous les autres commentateurs, parmi lesquels nous ne comptons point Spinosa, qui ne doit pas être compté, conviennent tous que le soleil et la lune s’arrêterent en plein midi. On aurait eu le temps de tuer tous les fuyards depuis midi jusqu’au soir, supposé que la pluie de pierres en eût épargné quelques-uns ; mais il se peut aussi qu’il