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Si quelqu’un des enfans d’Israël veut prendre à la chasse quelque oiseau dont il est permis de manger, qu’il en répande tout le sang, car l’ame de toute chair est dans le sang ; c’est pourquoi vous ne mangerez le sang d’aucun animal, parce que l’ame de toute chair est dans le sang, et quiconque en mangera sera puni de mort [1]..

    croyant qu’il rumine, et prenant le mouvement de ses levres pour l’action de ruminer. La loi déclare abominable ce qui marche sur quatre pattes et qui vole : il faut entendre que s’il y avait de tels animaux, ils seraient déclarés impurs ; car nous ne connoissons point de telles bêtes. Il n’y en a jamais eu que dans l’invention des peintres et des sculpteurs qui ont représenté des hiéroglyphes. On ne sait pas pourquoi la sauterelle est déclarée impure, puisque st Jean Baptiste s’en nourrissait dans le désert. Le texte parle encore de beaucoup d’animaux qu’on ne connait point, comme du griffon, de l’ixion, qui sont des animaux fabuleux.

    ces petits animaux microscopiques, qui vivent très peu de temps, s’y sont cachés. Ce n’est point d’ailleurs dans les pays chauds que les murailles se couvrent quelquefois d’une moisissure, à laquelle des insectes innombrables s’attachent ; c’est dans nos pays humides qu’une mousse imperceptible croît sur les vieilles murailles, et sert de logement et d’aliment à des insectes lesquels d’ailleurs ne sont nullement dangereux. L’idée de Don Calmet, que l’espece de lepre la plus maligne était la vérole, et que Job en était attaqué, est encore plus insoutenable : la vérole était incontestablement une maladie particuliere aux isles de l’Amérique si long-temps inconnues. Le professeur Astruc l’a démontré. C’est une chose plaisante de voir Calmet donner la torture à quelques anciens auteurs, pour leur faire dire ce qu’ils n’ont point dit ; il va jusqu’à vouloir trouver la vérole dans ces vers de Juvenal... etc. Il ne voit pas que ces vers ne signifient autre chose qu’une opération faite par un médecin à un infame débauché, dont l’anus avait contracté des équimoses par les efforts d’un autre libertin, qui avait blessé ce misérable en commettant le péché contre nature, ce qui n’a pas plus de rapport à la vérole qu’un cors au pied. Il tord un passage de la 37 e ode d’Horace,... etc. Horace peint ici Cléopatre accompagnée de ses eunuques, et ne prétend point du tout que cette reine et ses eunuques eussent la vérole. César et Antoine, aussi débauchés qu’elle, n’en furent jamais soupçonnés.

  1. les critiques disent qu’il est impossible d’obéir à cette loi. En effet, quelque soin qu’on prenne de saigner un animal, il reste nécessairement une grande partie de son sang dans les petits vaisseaux, laquelle n’a plus la force de passer par les valvules, et qui, ne circulant plus, reste dans toutes les petites veines. Une remarque plus importante est que l’ame est toujours prise dans le pentateuque pour la vie ; tout animal qui perd tout ce qu’il peut perdre de son sang est mort. D’ailleurs l’ame de tous les animaux, et même celle de l’homme, étant toujours mise à la place de la vie, cela semble justifier le systême audacieux de l’évêque Warburton, que l’immortalité de l’ame était absolument inconnue aux premiers juifs. Si ce systême était vrai, ce serait une nouvelle preuve de la grossiéreté de ce peuple. Car toutes les nations puissantes dont il était entouré, égyptiens, syriens, chaldéens, persans, grecs, poussaient la créance de l’immortalité de l’ame jusqu’à la superstition. Ils admettaient tous des récompenses et des peines après la mort, comme nous l’avons dit* Tome XI, page 75. C’est le plus beau et le plus utile