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ACTE 1, S ci : M’ I. 83

Dans co cruel parti tout l’a pivcipiU’ ;

Je ne peux à mon choix fléchir sa volonTé.

J’ai souvent, (]o son coMir aij^rissant les hlossures,

Révolté sa liorté par dos vérités dures :

Vous seule, à votre roi le pourriez rappeler,

Madame, et c’est de quoi je cherche à vous parler.

J’aspirai jusqu’à vous, avant qu’aux nuirs de Lille

Vendôme trop heureux vous donnât cet asile ;

Je crus que vous pouviez, approuvant mon dessein,

Accepter sans mépris mon li()mmat>e et ma main ;

Que je pouvais unir, sans une aveugle audace,

Les lauriers des Guesclin aux lauriers de ma race :

La gloire le voulait, et peut-être l’amour,

Plus puissant et plus doux, l’ordonnait à son tour ;

Mais à de plus l)eaux nœuds je vous vois destinée.

La guerre dans Camhrai vous avait amenée

Parmi les flots d’un peuple à soi-même livré,

Sans raison, sans justice, et de sang enivré.

Ln ramas de mutins, troupe indigne de vivre,

Vous méconnut assez pour oser vous poursuivre ;

Vendôme vint, parut, et son heureux secours

Punit leur insolence, et sauva vos beaux jours.

Quel Français, quel mortel, eût pu moins entreprendre ?

Et qui n’aurait brigué l’honneur de vous défendre ?

La guerre en d’autres lieux égarait ma valeur ;

Vendôme vous sauva, Veiulôme eut ce bonheur :

La gloire en est à lui, ([u’il en ail le salaire ;

Il a par trop de droits mérité de vous plaire ;

Il est prince, il est jeune, il est votre vengeur :

Ses bienfaits et son nom, tout parle en sa faveur.

La justice et l’amour vous pressent de vous rendre :

Je n’ai rien fait pour vous, je n’ai rien à prétendre ;

Je me tais… mais sachez que, pour vous mériter,

A tout autre qu’à lui j’irais vous disputer ;

Je céderais à peine aux enfants des rois même :

Mais Vendôme est mon chef, il vous adore, il m’aime ;

Coucy, ni vertueux, ni superbe à demi,

Aurait bravé le prince, et cède à son ami.

Je fais plus ; de mes sens maîtrisant la faiblesse.

J’ose de mon rival appuyer la tendresse.

Vous montrer votre gloire, et ce que vous devez

Au héros qui vous sert et par qui vous vivez.