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Honneur, raison, devoir, est-ce donc vainement
Que mon cœur ^ous aima ? (^u’il siii\it constamment
Vos lois, celles du monde, et de la bienséance ?
Nos vertus, jo le vois, sont en notre puissance ;
Notre IV’licité ne dépend pas de nous.

LAURE.

Laissez ; je vais parler à monsieur votre époux,

HORTENSE

Non, non, gardez-vous bien d'irriter sa colère.

LAURE.

Dites-moi, s’il vous plaît, ce qu’il convient de faire.
Ce maudit Ariston pourrait tout éclaircir ;
Vous le cherchiez.

HORTENSE

Qui, moi ? ce serait me noircir.
J’ai promis à Cléon d’éviter sa présence.
La vertu seule nuit, il en faut l’apparence.
Les soupçons d’un époux manquaient à mon tourment !


Scène V.



HORTENSE, ARISTON, CLITANDRE, LAURE.

ARISTON, à Hortense.


Vous me voyez saisi d’un juste étonnement ;
Chez votre époux, madame, empressé de me rendre,
Je venais vous prier d’y présenter Clitandre.
On m’annonce un refus, on me dit que Cléon
Me défend pour toujours l’accès de sa maison,

HORTENSE

Cléon, et vous, et moi, je vous le dis sans feindre.
Plus que vous ne pensez nous sommes tous à plaindre
^ous devez par raison, surtout par probité.
Rompre avec moi, monsieur, toute société.
Gardez-vous de venir chez Cléon davantage ;
Évitez tout éclat, dans un silence sage,
A ces tristes conseils prompt à vous conformer,
Fuyez-moi, plaignez-moi, mais sachez m’estimer,

(Elle sort.)