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ZOÏLIN, à part.

Je suis embarrassé, je serai découvert ;
Ariston saura tout ; s’il paraît, il me perd…
Quel que soit le danger, il faut que je m’en tire.

(Il sort.)



Scène III.



LAURE, NICODON.

LAURE.

Ah ! voici mon ingrat, il se trouble, il soupire.
Sentirait-il son tort ?

NICODON, d’un air confus et embarrassé.

Il est vrai, cette fois
Je fus un grand benêt, et je m’en aperçois.

LAURE.

Dis que tu l’es, mon cher, et la chose est plus sûre.

NICODON

Hélas ! comme dans moi pâtissait la nature !
Quel maudit embarras ! quel excès de tourment !
Et qu’il m’en a coûté pour être impertinent !

LAURE.

Très-peu… Mais qu’as-tu donc qui gêne ainsi ton âme ?

NICODON

J’ai… que je n’aimerai jamais de grande dame.

LAURE.

Vraiment, je le crois bien. C’est moi seule en effet
Qu’il te convient d’aimer : c’est moi qui suis ton fait.

NICODON, à part.

Hélas ! elle a raison, car elle est jeune et belle.
Elle est à mon niveau, je suis libre avec elle ;
L’autre force au respect par son air imposant.
Et me fait d’un coup d’œil rentrer dans mon néant.

LAURE.

Traître, quelle est cette autre ?

NICODON

Eh ! c’est madame Hortense.

LAURE.

Miséricorde ! quoi ! vous auriez l’impudence,