Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/555

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais nous ne croyons rien… Ah ! n’est-ce pas aussi
Ce petit écuyer, cet amoureux transi… ?
Attendez, m’y voilà : c’est le neveu d’Hortense.
Ah ! je puis liaiileiuoiit braver la médisance.

ZOÏLIN.

Çà, vous voyez mon cœur et ma naïveté ;
Tout ce qu’on dit de vous, je vous l’ai rapporté.
Votre tour est venu : c’est à vous de m’apprendre
Tout ce que sur mon compte on vous a lait entendre.
Parlez, que pense-t-on de moi dans la maison ?
Expliquez-vous nûment, sans détour, sans façon.

LAURE.

Volontiers : aujourd’hui, trois ou quatre personnes
Vous drapaient joliment ; qu’ils en disaient de bonnes !

ZOÏLIN.

Comment ? Sachons un peu…

LAURE.

D’abord certain Damis
Assurait que jamais vous n’aviez eu d’amis.
Hélas ! s’il disait vrai que vous seriez à plaindre !
Il ajoutait encor qu’il faut toujours vous craindre.

ZOÏLIN.

C’est peu de chose.

LAURE.

Eh oui ; mais monsieur Lisimon
Vous tranchait hardiment certain mot de fripon.

ZOÏLIN.

Bagatelle. Est-ce tout ?

LAURE.

Non. Un certain Henrique
Disait que vous n’étiez qu’un pédant satirique,
Un menteur sans vergogne, un fourbe, un plat auteur,
Jaloux de tout succès jusfjues à la fureur ;
Haï des gens de bien, des beaux-esprits, des belles :
Il barbouillait par an trente mauvais libelles[1],
Si grossiers, disait-il, si sots…

ZOÏLIN.

Ce dernier trait
Me blesse, je l’avoue, et j’en suis stupéfait.

  1. L’abbé Desfointaines publiait des Observations périodiques.