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51 2 L" ENFANT PUO DIGUE.

Écoutez-moi ; vous allez reconnaître Mes sentiments, et les vôtres peut-être,

(Elle prend un siège à côté do lui.)

Si votre cœur avait été lié, Par la plus tendre et plus pure amitié, A ({uel(|ue objet (\c qui l’ai niable enfance Donna d’abord la pins belle espérance, Et qui brilla dans son heureux printemps, Croissant en grAce, en mérite, en talents ; Si quelque temps sa jeunesse abusée, Des vains plaisirs suivant la pente aisée. Au feu de l’Age a^ait sacrifié Tous ses devoirs, et même l’amitié.

EUPIIÉMON PÈRE.

Eli bien ?

LISE.

Monsieur, si son expérience Eût reconnu la triste jouissance De ces faux biens, objets de ses transports, Nés de Terreur, et suivis des remords ; Honteux enfin de sa folle conduite. Si sa raison, par le malheur instruite. De ses vertus rallumant le flambeau. Le ramenait avec un cœur nouveau ; Ou que plutôt, honnête homme et fidèle, Il eût repris sa forme naturelle ; Pourriez-vous bien lui fermer aujourd’hui L’accès d’un cœur qui fut ouvert pour lui ?

EUPHÉMON PÈRE.

De ce portrait que voulez-vous conclure ? Et quel rapport a-t-il à mon injure ? Le malheureux qu’à vos pieds on a vu Est un jeune homme en ces lieux inconnu ; r^t cette veuve, ici, dit elle-même Qu’elle l’a vu six mois dans Angoulôme ; Un autre dit que c’est un effronté. D’amours obscurs follement entêté ; Et j’avouerai que ce portrait redouble L’étonnement et l’horreur qui me trouble.

LISE.

Hélas ! monsieur, quand vous aurez appris Tout ce qu’il est, vous serez plus surpris.