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Je reconnus son dieu : tu peux de ma jeunesse
Accuser si tu veux l’erreur ou la faiblesse ;
Mais des lois des chrétiens mon esprit enchanté
Vit chez eux, ou du moins, crut voir la vérité ;
Et ma bouche abjurant les dieux de ma patrie
Par mon âme en secret ne fut point démentie ;
Mais renoncer aux dieux que l’on croit dans son cœur,
C’est le crime d’un lâche, et non pas une erreur,
C’est trahir à la fois sous un masque hypocrite
Et le dieu qu’on préfère, et le dieu que l’on quitte,
C’est mentir au ciel même, à l’univers, à soi.
Mourons ; mais en mourant sois digne encore de moi,
Et si Dieu ne te donne une clarté nouvelle ;
Ta probité te parle, il faut n’écouter qu’elle.

Zamore.

J’ai prévu ta réponse, il vaut mieux expirer
Et mourir avec toi que se déshonorer.

Alvarès.

Cruels, ainsi tous deux vous voulez votre perte !
Vous bravez ma bonté qui vous était offerte ;
Écoutez, le temps presse et ces lugubres cris…



Scène 6



Alvarès, Zamore, Alzire, Alonze, américains, espagnols.



Alonze.

On amène à vos yeux votre malheureux fils.
Seigneur, entre vos bras il veut quitter la vie.
Du peuple qui l’aimait, une troupe en furie,
S’empressant près de lui, vient se rassasier
Du sang de son épouse, et de son meurtrier.



Scène 7



Alvarès, Gusman, Zamore, Alzire, Montèze, américains, soldats.



Zamore.

Cruels, sauvez Alzire, et pressez mon supplice !