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Scène 2



Alzire, Émire.



Alzire.

Eh bien ! Veut-on toujours ravir à ma présence,
Les habitants des lieux si chers à mon enfance ?
Ne puis-je voir enfin ces captifs malheureux,
Et goûter la douceur de pleurer avec eux ?

Émire.

Ah ! Plutôt de Gusman redoutez la furie,
Craignez pour ces captifs, tremblez pour la patrie.
On nous menace, on dit qu’à notre nation
Ce jour sera le jour de la destruction.
On déploie aujourd’hui l’étendard de la guerre,
On allume ces feux enfermés sous la terre ;
On assemblait déjà le sanglant tribunal,
Montèze est appelle dans ce conseil fatal,
C’est tout ce que j’ai su.

Alzire.

Ciel ! Qui m’avez trompée,
De quel étonnement je demeure frappée !
Quoi ! Presque entre mes bras, et du pied de l’autel,
Gusman contre les miens lève son bras cruel !
Quoi ! J’ai fait le serment du malheur de ma vie !
Serment, qui pour jamais m’avez assujettie !
Hymen, cruel hymen ! Sous quel astre odieux,
Mon père a-t-il formé tes redoutables nœuds !