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ACTE V. SCÈNE III. 243

SCÈNE III.

LE DUC, AMÉLIE, TAÏSE.

AMÉi.IE.

  • Vous l’emportez, seigneur, et puisque votre haine
  • (Comment puis-je autrement appeler en ce jour
  • Ces aflVeux sentiments que vous nommez amour ?),
  • Puisqu’il ravir ma foi votre haine ohstinée

♦Veut ou le sang d’un frère, ou ce triste hyménée…

  • Mon choix est lait, seigneur, et je me donne à vous :
  • A force de forfaits vous êtes mon époux.
  • Brisez les fers honteux dont vous chargez un frère ;
  • De vos murs sous ses pas ahaissez la barrière.
  • Que je ne tremble plus pour des jours si chéris ;
  • Je trahis mon amant, je le perds à ce prix :
  • Je vous é[)argne un crime, et suis votre conquête.
  • Commandez, disposez, ma main est toute prête ;
  • Sachez que cette main, que vous tyrannisez,
  • Punira la faiblesse où vous me réduisez,
  • Sachez qu’au temple même où vous m’allez conduire…
  • Mais vous voulez ma foi, ma foi doit vous suffire.
  • Allons,,. Eh quoi ! d’où vient ce silence affecté ?

"^ Quoi ! votre frère encor n’est point en liberté ?

LE DUC.

  • Mon frère ?

AMÉLIE.

Dieu puissant ! dissipez mes alarmes !

  • Ciel 1 de vos yeux cruels je vois tomber des larmes !

LE DUC.

  • Vous demandez sa vie…

AMÉLIE.

Ah ! qu’est-ce que j’entends ?

  • Vous qui m’aviez promis…

LE DUC.

Madame, il n’est plus temps.

AMÉLIE.

  • I1 n’est plus temps ! Vamir…

LE DUC.

Il est trop vrai, cruelle !