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ACTE II, SCÈNE II. 209

Kt qui me tiendront lieu de niallieur et d’aflVont, S’ils ne sont par vos mains attachés sur mon ii-ont ;

  • Si votre incertitude, alarmant mes tendresses,
  • Peut encor démentir la foi de vos promesses.

AMÉLIE.

  • Jc ne vous promis rien : vous n’avez point ma foi ;
  • Et la reconnaissance est tout ce que je doi.

LE DUC.

  • Quoi I lorsque de ma main je vous offrais l’hommage ? .,.

AMKLIE.

  • D’un si no])le présent j’ai vu tout l’avantage ;
  • Et sans cherclier ce rang qui ne m’était pas dû,
  • Par de justes respects je vous ai répondu.
  • Vos bienfaits, votre amour, et mon amitié même,
  • Tout vous flattait sur moi d’un empire suprême ;
  • Tout vous a fait penser qu’un rang si glorieux,
  • I^résenté par vos mains, (’blonirait mes }eu\’.
  • \’ous vous trompiez : il faiil rompre enfin le silence.
  • Je vais vous offenser, je me fais violence,
  • Mais, réduite à parler, je vous dirai, seigneur,
  • Que l’amour de mes rois est gravé dans mon cœur.

Votre sang est auguste, et le mien est sans crime, Il coula pour l’État, que l’étranger opprime. • Cominge, mon aïeul, dans mon cœur a transmis

  • La haine qu’un Français doit à ses ennemis,
  • Et sa fille jamais n’acceptera pour maître
  • L’ami de nos tyrans, quelque grand qu’il puisse être.
  • Voilà les sentiments que son sang m’a tracés ;
  • Et s’ils vous font rougir, c’est vous qui m’y forcez.

LE dl ; c.

  • Je suis, je l’avouerai, surpris de ce langage,
  • Je ne m’attendais pas à ce nouvel outrage,
  • Et n’avais pas prévu que le sort en courroux,

’*Pour m’accabler d’affronts, dût se servir de vous.

  • Vous avez fait, madame, une secrète étude
  • Du mépris, de l’insulte, et de l’ingratitude,
  • Et votre cœur, enfin, lent à se déployer,
  • Hardi par ma faiblesse, a paru tout entier.
  • Je ne connaissais pas tout ce zèle héroïque,
  • Tant d’amour pour l’État, et tant de politique.
  • Mais, vous qui m’outragez, me connaissez-vous bien ?
  • Vous reste-t-il ici de parti que le mien ?

THÉATHE. II. 14