ACTE III, SCÈNE VI. 191
SCÈNE Yl.
LE DUC D’ALENÇON, COUCV, gardes.
COLCY.
Quels transports furieux !
LE DLC.
Laissez-moi me punir et me rendre justice.
( \ Cûucy. )
Ouoi ! d’un assassinat tu t’es fait le complice ! Ministre de mon crime, as-tu pu m’obéir ?
COUCY.
Je vous avais promis, seigneur, de vous servir.
LE DLC.
Malheureux ([ue je suis ! ta sévère rudesse A cent fois de mes sens combattu la faiblesse : Ne devais-tu te rendre à mes tristes souhaits Que quand ma passion t’ordonnait des forfaits ? Tu ne m’as obéi c|ue pour perdre mon frère !
COUCY,
Lorsque j’ai refusé ce sanglant ministère. Votre aveugle courroux n’allait-il pas soudain Du soin de vous venger charger une autre main ?
LE DLC.
L’amour, le seul amour, de mes sens toujours maître,
En m’ôtant la raison, m’eût excusé peut-être…
Mais toi, dont la sagesse et les réflexions
Ont calmé dans ton sein toutes les passions ;
Toi, dont j’avais tant craint l’esprit ferme et rigide,
Avec tranquillité permettre un parricide !
COLCY.
Eh bien ! puisque la honte, et que le repentir,
Par qui la vertu parle à qui peut la trahir.
D’un si juste remords ont pénétré votre âme ;
Puisque, malgré l’excès de votre aveugle flamme.
Au prix de votre sang vous voudriez sauver
Ce sang dont vos fureurs ont voulu vous priver.
Je peux donc m’expliquer ; je peux donc vous apprendre
Que de vous-même enfin Coucy sait vous défendre ;