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ACTE TROISIÈME.

SCENE J. NEMOURS, DANGESTE.

NEMOURS.

Non, non, ce peuple en vain s’armait pour ma défense : Mon frère, teint de sang, enivré de vengeance, Devenu plus jaloux, plus lier, et plus cruel. Va traîner à mes yeux sa victime à l’autel. Je ne suis donc venu disputer ma conquête. Que pour être témoin de cette horrible fête ? Et dans le désespoir où je me sens plonger, Par sa fuite du moins mon cœur peut se venger. Juste ciel !

DANGESTE.

Ah ! seigneur, où l’avez-vous conduite ? Quoi ! vous l’abandonnez, vous ordonnez sa fuite ! Elle ne veut partir qu’en suivant son époux ; Laissez-moi seul du prince affronter le courroux,

NEMOURS.

Prisonnier sur ma foi, dans l’horreur qui me presse,

Je suis plus enchaîné par ma seule promesse

Que si de cet État les tyrans inhumains

Des fers les plus pesants avaient chargé mes mains.

Au pouvoir de mon frère ici l’honneur me livre.

Je i)uis mourir pour elle, et je n^peux la suivre.

On la conduit déjà par des détours obscurs,

Qui la rendront bientôt sous ces coupables murs :

L’amour nous a rejoint, que l’amour nous sépare.

DANGESTE.

Cependant vous restez au pouvoir d’un l)arbare. Seigneur, de ^otro sang l’Anglais est altéré ; Ce sang à votre frère est-il donc si sacré ?